On ne compte plus le nombre d’espèces terrestres comme marines menacées et impactées par le changement climatique. La plus grosse population de tortues vertes présentes dans l’océan Pacifique est en pleine crise.
Le sexe des tortues marines est défini par la température
Des scientifiques se sont rendus sur l’île Ingram, en Australie, pour étudier les tortues. Ils souhaitaient différencier les mâles de femelles et, pour cela, la simple observation ne suffit pas. Ils ont donc prélevé des échantillons sanguins et ADN, puis ils ont pratiqué de petites incisions pour examiner les gonades des spécimens.
Le sexe des tortues de mer est défini par la température du sable qui couve les œufs. Les experts s’attendaient donc à trouver un peu plus de spécimens femelles que de mâles. En effet, le réchauffement climatique a entraîné une hausse des températures de la mer et de l’air, qui se traduit par la naissance de davantage de femelles. Mais les résultats vont bien au-delà de leurs estimations.
Un mâle pour cent seize femelles
Les scientifiques ont découvert que dans la plus importante colonie de tortues du Pacifique, les femelles étaient radicalement plus nombreuses que les mâles. Ils ont compté cent seize femelles pour un seul mâle. Une spécialiste des tortues travaillant à la National Oceanic and Atmospheric Administration d’Hawaï du nom de Camryn Allen explique : « Ces résultats sont extrêmes, dans tous les sens du terme ». « Il est question d’une poignée de mâles, face à des centaines et des centaines de femelles. Ces résultats nous ont laissés sans voix. »
Cette nouvelle étude publiée dans Current Biology au début du mois de janvier s’ajoute à une longue liste d’études similaires. Mais elle constitue néanmoins la plus détaillée et montre l’ampleur du problème. De nouvelles questions sur les menaces qui pèsent sur les tortues marines du monde entier ont été soulevées. Michel Jensen, un chercheur auprès du Southwest Fisheries Science Center, s’interroge : « Que se passera-t-il dans vingt ans, lorsqu’il n’y aura plus aucun mâle adulte ? Y en a-t-il suffisamment pour maintenir la population en vie ? »