Chacun a sa propre idée de ce à quoi ressemble le changement climatique. Pour certains, c’est une vision apocalyptique des villes qui disparaissent à l’élévation du niveau de la mer, la rareté des ressources et les catastrophes naturelles. Mais pour de nombreuses filles à travers l’Afrique et l’Asie, la manifestation la plus palpable du changement climatique est le mariage précoce.
L’émergence d’une génération d’enfants mariées
Il y a plusieurs raisons pour lesquelles les enfants se marient jeunes. Dans certaines sociétés, il est considéré comme simplement pratique, mais ailleurs, la pauvreté est le moteur. Lorsque les parents n’ont pas les moyens de nourrir plusieurs enfants, les filles doivent partir en mariage.
Dans son documentaire, le journaliste Gethin Chamberlain, nous fait voyager au cœur des villages du sud du Malawi et en Mozambique où les enfants mariées et leurs parents ont raconté une histoire de plus en plus familière.
Carlina, 15 ans avait rêvé de devenir sage-femme, mais faute de moyen, elle est contrainte par son père de se marier à 13 ans, deux ans après la disparition de la rivière suite au manque de pluie. Sa famille récoltait jusqu’à 20 sacs de 50 kg de manioc. Aujourd’hui, il est réduit à un ou deux sacs, donc pas assez pour nourrir toute la famille.
Elle a donné naissance à son premier enfant en 2017, un garçon qui est par la suite décédé. Il avait des problèmes respiratoires et la famille ne pouvait pas se permettre un incubateur, leur revenu s’étant amoindri à cause du réchauffement climatique.
Une croissance de plus de 50 % des mariages précoces suite aux sécheresses
30 % à 40 % des mariages précoces au Malawi ont pour conséquence l’apparition des inondations et des sécheresses causées par le réchauffement climatique. De nombreux mariages sont des affaires informelles, souvent, ils sont simplement un accord entre deux familles.
En 2015, le Fonds des Nations Unies pour la population avait estimé que 13,5 millions d’enfants allaient se marier avant l’âge de de la majorité, soit 18 ans dont 4,4 millions avant l’âge de 15 ans. Dans l’ensemble du continent africain, l’UNICEF a également mis en garde que le nombre total d’enfants mariés pourrait plus que doubler pour atteindre 310 millions d’ici 2050 si les conséquences climatiques se poursuivent. Le Bangladesh a déjà l’un des taux de mariage des enfants les plus élevés au monde avec 52 %.