Le Brésil doit faire face à une augmentation des phénomènes météorologiques extrêmes, lesquels, dans la foulée du réchauffement climatique et exacerbés par El Niño, sont préjudiciables non seulement pour l’environnement,mais aussi et surtout pour les populations. Pourtant, ce n’est que la partie visible de l’iceberg.
Impact humain et matériel : le bilan
Au cours des dernières semaines, les pluies diluviennes ont inondé l’État du Rio Grande do Sul, dans le sud du Brésil. Le coût humain est lourd : on compte au moins 145 morts, 806 blessés et 132 disparus. En terme matériel, on estime à plusieurs centaines de millions d’euros les dégâts occasionnés par ces inondations. Ce désastre a aussi forcé plus de 619 000 personnes à se déplacer, laissant 2 millions d’autres affectées par la situation.
Ces conditions météorologiques extrêmes sont le dernier chapitre d’une longue série frappant le géant sud-américain depuis quelques mois. L’Organisation météorologique mondiale a identifié douze de ces événements au Brésil en 2023, dont certains furent qualifiés d’inédits.
Des événements météorologiques extrêmes
Parmi ces phénomènes, signalons que la région du Rio Grande do Sul a été frappée en septembre par un cyclone extra-tropical et par une montée des eaux d’une intensité alarmante. Un mois plus tard, en octobre, c’est l’Amazonie qui vivait l’une des pires sécheresses jamais enregistrées, accompagnée d’une vague de chaleur sans précédent.
Selon Suely Araújo, ex-présidente de l’Agence environnementale brésilienne et coordinatrice de l’Observatoire du climat, ces événements ne sont pas à prendre à la légère : « La multiplication de ces phénomènes et leur intensité montrent la gravité de la crise climatique en cours ».
L’incidence du réchauffement climatique
Le lien entre ces intempéries et le réchauffement climatique d’origine humaine ne fait plus aucun doute : de nombreuses études comme celle du projet ClimaMeter, financé par l’Union européenne et le CNRS, l’ont confirmé. Les précipitations extrêmes dans le sud du Brésil seraient ainsi dues au changement climatique, avec un effet aggravant causé par la fluctuation naturelle du phénomène El Niño.
Par ailleurs, Suely Araújo pointe également du doigt la dégradation des terres dans cette région agricole où « la plus grande partie de sa végétation native a été remplacée par des champs ».
Un enjeu politique
Malheureusement, l’incurie des autorités semble ici évidente. Malgré les alertes préalables des scientifiques, les politiques environnementales se sont assouplies. Dans un contexte de crise climatique, plusieurs propositions de loi visant à réduire la protection environnementale sont même encore à l’étude.
Les années sous la présidence de Jair Bolsonaro n’ont fait qu’accentuer ce problème. Malgré les efforts de son successeur Lula pour se poser en leader mondial du climat, la logique court-termiste semble encore dominer, notamment chez les défenseurs de l’agro-business au Congrès.
Alors que le Brésil vient de vivre une série inédite d’événements météorologiques extrêmes, comment le pays pourra-t-il faire face à ces défis si ses dirigeants ne parviennent pas à inverser la tendance ?