Malgré les plans des différents États pour éliminer le dioxyde de carbone de l’atmosphère, les analyses scientifiques affirment qu’ils ne suffiront pas à contrer le réchauffement climatique. Cette réalité stark contrast avec les aspirations à limiter le réchauffement à 1,5 °C au-dessus des moyennes préindustrielles.
Analyse des plans des États pour l’élimination du CO2
Selon le Programme des Nations unies pour l’environnement (PNUE), il existe un écart significatif entre les efforts des États pour réduire les émissions de gaz à effet de serre et ce qu’il faudrait pour limiter le réchauffement climatique à 1,5 °C au-dessus des moyennes préindustrielles. Cet écart est souvent appelé «Emissions Gap». Une équipe internationale de chercheurs a décidé d’aller plus loin et d’appliquer ce même principe de mesure à la capacité des États à éliminer le CO2 de notre atmosphère.
Le défi de l’élimination du CO2
De nombreuses méthodes existent pour l’élimination du CO2 de l’atmosphère, des méthodes naturelles comme la reforestation aux méthodes artificielles comme la capture du CO2 dans les fumées industrielles. Cependant, une étude publiée dans la revue Nature Climate Change avertit que malgré leur rôle vital dans l’atteinte de la neutralité carbone, ces méthodes ne pourront contribuer que modestement à la solution climatique.
Actuellement, les méthodes d’élimination du CO2 permettent de retirer 3 milliards de tonnes de carbone de l’atmosphère chaque année. Mais la nouvelle analyse montre que les objectifs actuels des États ne pourront augmenter cette capacité d’élimination qu’au maximum à 0,5 milliard de tonnes supplémentaires par an d’ici 2030, et jusqu’à 1,9 gigatonne d’ici 2050.
Un objectif difficile à atteindre
Pour atteindre l’objectif climatique de limiter le réchauffement à 1,5 °C, il faudrait une augmentation beaucoup plus grande des capacités d’élimination du CO2 : les scientifiques estiment qu’il serait nécessaire d’atteindre une augmentation de 5,1 gigatonnes par an d’ici 2050. Tout ceci, dans un scénario optimiste d’expansion rapide des énergies renouvelables et de réduction des émissions de combustibles fossiles. Même avec une diminution de la demande mondiale d’énergie, nous aurions toujours besoin d’une augmentation des capacités d’élimination du CO2 de 2,5 gigatonnes par an d’ici 2050.
Attention à la durabilité des méthodes d’élimination
Outre l’insuffisance des capacités actuelles d’élimination du CO2, les chercheurs mettent en garde contre les limites de durabilité de certaines de ces méthodes. Par exemple, la demande en terres pour la reforestation pourrait finir par menacer la biodiversité et la sécurité alimentaire. Il est donc crucial de mettre en place dès maintenant des politiques de gestion équitable et durable des terres.
De nouvelles méthodes d’élimination du CO2 émergent, comme l’altération chimique des roches, qui pourrait soutenir les méthodes traditionnelles. Mais de toute façon, « sans une réduction rapide des émissions de gaz à effet de serre dans tous les secteurs, la limite de 1,5 °C ne sera pas respectée », mettent en garde les chercheurs.
Même avec les meilleures intentions et les plans les plus ambitieux, il semble que les efforts mondiaux actuels en matière d’élimination du CO2 ne soient pas à la hauteur du défi posé par le réchauffement climatique. Si la réduction des émissions est un pas dans la bonne direction, quelles stratégies alternatives devons-nous envisager pour combler le reste du « Gap » ?