Les campagnes françaises sont généralement peu peuplées, mais leurs habitants savent hausser le ton lorsque leurs intérêts semblent menacés. On a vu des éleveurs pyrénéens ne voter qu’en fonction de l’ours ; ces temps-ci, c’est la place des loups qui occupe de nombreux esprits dans les régions concernées. Les agriculteurs se fédèrent d’ailleurs à nouveau pour obtenir gain de cause contre le cousin du meilleur ami de l’homme. D’autres associations, elles, continuent de défendre le retour en force des loups.
Un collectif en béton
Les services de l’État français ont reçu une demande très solennelle, en bonne et due forme, dont la portée est d’autant plus importante que ses signataires sont influents, écoutés et nombreux. Cette requête, largement ébruitée dans la presse, a en effet été co-signée par diverses associations d’éleveurs, mais aussi par les chambres d’agriculture des départements concernés et la FNSEA, le syndicat qui semble dominer le monde agricole. Leur missive a été officiellement adressée au préfet chargé du dossier « plan loup ».
Un reportage de France 3 évoquait en mars dernier la première attaque de loups signalée dans le département de la Loire :
Qu’est-il demandé dans ce courrier peu commun ? Tout simplement des permissions plus favorables pour lutter contre les attaques de loups, jugées de plus en plus nombreuses. À titre informatif, l’ONCFS (Office national de la chasse et de la faune sauvage) a comptabilisé 430 loups au début du printemps 2018, ce qui correspond à un bond d’un cinquième de la population en une année. Il paraît donc logique que les attaques aient augmenté d’autant.
Les agriculteurs veulent pouvoir tirer
Des éleveurs armés, même sans déclaration, il y en a sans doute. Mais face à un animal plus ou moins protégé, du type loup ou ours, même avec un permis de chasse le tireur peut actuellement risquer gros. Il existe déjà dans la loi républicaine un tir de défense dit « simple », avant tout personnel, mais jugé insuffisant par les signataires de la requête.
Les agriculteurs demandent donc un élargissement de leur droit de tir après toute attaque de loups. Ils voudraient d’ailleurs disposer d’armes spécifiques avec lunettes thermiques, en bénéficiant de l’encadrement d’officiers de louveterie. Quant à la brigade d’intervention du loup déjà en place, ils souhaiteraient la voir s’étoffer pour davantage de réactivité dès qu’un troupeau est menacé.
L’hiver dernier, un particulier filmait une meute de loups depuis son domicile de la Drôme :
Les signataires de la lettre évoquent pour les seuls six premiers mois de 2018 3 611 victimes indemnisées pour 949 attaques imputables à des loups. Ces chiffres sont effectivement impressionnants. La tension monte et le président du syndicat Coordination rurale a été arrêté le 23 juillet au soir pour avoir bousculé en tracteur un gendarme.