On se concentre volontiers sur les actualités concernant directement notre pays, sans trop s’intéresser aux petits États d’Europe orientale. Pourtant, la question du gaz de la mer Noire présente des enjeux essentiels, entre Russie et Europe centrale. Le dossier, qui dépend de la Roumanie, vient d’avancer ce mois-ci. Un rapide point de la situation.
Une diplomatie pas toujours facile
De nombreux États européens sont fondés sur une nation majoritaire ou un donné culturel dominant. Mais leurs frontières ont parfois été dessinées par des puissances étrangères, notamment après les deux dernières guerres mondiales, ce qui peut attiser haines patriotiques et autres tensions diplomatiques. Traditionnellement, c’est notamment le cas de la Hongrie, démantelée en 1920, et de la Roumanie dont la Transylvanie accueille de nombreux magyarophones, une conséquence du traité de Trianon.
Concernant les ressources de la mer Noire, une vidéo en présentait les enjeux l’année dernière :
https://www.youtube.com/watch?v=J2qZwlufb68
Malgré ce passif historique difficile à éponger, les relations entre les deux États sont devenues très respectueuses. Le 9 juillet 2018, le Parlement roumain a même débloqué la question du gaz de la mer Noire, laquelle tient à cœur à la Hongrie voisine mais beaucoup moins aux médias influents en Roumanie. Il s’agit en fait d’encadrer les opérations d’extraction dans le domaine maritime de ce dernier pays. Cela fait écho à des propos portés en public à Washington fin juin par le ministre des Affaires étrangères de la Hongrie, à savoir Péter Szijjártó. D’autres nations est-européennes se félicitent de ce que les choses se décantent peu à peu.
Mettre fin au pillage des ressources
Cela faisait des années que des voix s’élevaient pour dénoncer un pillage légal des ressources roumaines par diverses entreprises occidentales. Dans le dossier en cours de traitement, il s’agit de revoir les redevances devant être reversées à l’État roumain, mais aussi de modifier potentiellement l’équilibre économique et industriel européen. En effet, cette partie de l’Europe se sent parfois sous la tutelle du monde occidental, avant tout germanique.
Le nouveau projet porté par la majorité de Dragnea semble devoir exclure l’Autriche des bénéficiaires du gaz de la mer Noire. Cela bénéficierait donc à des États plus proches de la Roumanie, ce qui devrait contribuer à renforcer la position de cette dernière, qui devra nécessairement disposer de 50 % des ressources de gaz extraites dans ses mers. Ce pourrait être le gage de la ré-industrialisation du pays, avec une matière première bon marché permettant d’encaisser des salaires plus élevés.
Pour les pays en question, une collaboration avec les Roumains pourraient correspondre à la fin d’une dépendance énergétique quasiment totale vis-à-vis de la Russie. Leurs industries pourraient s’en retrouver boostées. Les États-Unis peuvent également espérer vendre du gaz liquéfié américaine à l’Europe de l’Ouest. Un dossier à suivre donc…