La civilisation européenne en général et française en particulier a toujours reposé sur la vie rurale. L’exode rural et la mécanisation des campagnes ont eu des conséquences innommables pour liquéfier nos sociétés. Le résultat en a été un remembrement riche en déforestations, des villes tentaculaires grignotant par leurs lotissements toujours plus de terres arables, la montée en puissance de la monoculture, l’abandon de nombreuses pratiques aussi ancestrales que salutaires, l’apparition de modes de vie déconnectés du réel… Le phénomène est loin d’être enrayé dans de nombreux espaces ruraux qui continuent de se vider de leurs populations tout en étant pressurés par un fisc faisant remonter les impôts vers des chefs-lieux dépendant totalement, alimentairement parlant, de ces mêmes périphéries domestiquées… Une équation difficile à résoudre !
La ferme de la Glutamine sonne le réveil
D’une manière générale, ce sont les zones de semi-altitude et d’altitude qui se vident de présence humaine : la Creuse, l’Ardèche, haute Auvergne, les Cévennes, la Nièvre surtout vers le Morvan, les sommets basco-béarnais, les Ardennes aussi… Mais c’est toute la France rurale qui souffre depuis bien longtemps, et ce même dans les campagnes mieux loties de l’Ouest en général.
À Tresses en Gironde, pas trop loin de Bordeaux, deux jeunes gens de bonne famille ont créé une ferme expérimentale sur un petit terrain de six hectares et demi. Sarah du Vinage et Charles-Édouard Oksenhendler incarnent le désir spontané d’un retour à la terre et au naturel : un effort louable. C’est aussi dans ce cadre qu’ils ont créé l’association de la ferme de la Glutamine, cherchant à aider les jeunes agriculteurs démunis de moyens importants.
Promouvoir une agriculture « durable, vivrière et radieuse »
Harmonie avec la nature, travail de l’homme et polyculture comptent parmi les maîtres-mots de l’association. Pas d’agriculture industrielle ici, ni de recherche effrénée d’espèces sonnantes et trébuchantes. La nourriture est la base de tout. Nos deux entrepreneurs en herbe promeuvent du coworking pour le monde agricole, spécialement à l’attention des maraîchers. Ceux-ci pourront dès lors être équipés d’un toit, d’une éolienne, d’un vélotracteur et d’outils de travail, entre autres accessoires fort précieux. On le voit : la pollution est réduite à son strict minimum, si ce n’est totalement supprimée.
Un reportage de fin 2017 vous donnera à coup sûr l’envie d’aller voir ça de plus près :
La ferme de la Glutamine, c’est aussi un petit laboratoire de nouvelles façons de faire de l’agriculture. Une parcelle de 4 000 mètres carrés est en outre dévolue à la formation de futurs maraîchers. Certaines prouesses ont déjà été réalisées : cent cinquante salades vertes pour un mètre carré d’emprise au sol, mais aussi le lancement du Bicitractor (un hectare retourné en sept heures) !