Jadis, les arbres fruitiers étaient omniprésents dans les propriétés françaises. Les poiriers et pommiers étaient majoritaires, tantôt en espalier, tantôt en contre-espalier. Révolution française, rupture dans les transmissions familiales du patrimoine, perte de savoir-faire, agriculture industrielle : tout s’est en grande partie perdu, sauf pour quelques jardins d’exception. Pourtant, les fruits ainsi cultivés sont meilleurs, grâce à une taille parfaitement calibrée, à tel point qu’à la fin du XIXe siècle il y eut un débat sur la perte de goût des fruits et sur la possible dégénérescence des fruitiers cultivés différemment dorénavant.
Aujourd’hui, nous vous proposons de renouer avec une forme fruitière très simple, concernant notamment les pommiers (et éventuellement les poiriers) : le cordon horizontal unilatéral, et éventuellement double (toujours à 50 cm environ du sol). La mise à fruit et la formation sont faciles et rapides. Chaque fruitier-cordon atteint jusqu’à 4 m de long. L’installation, en contre-espalier, est plus que légère. Des fleurs peuvent être installées dessous (capucines ou œillets si vous voulez guettez les pucerons), voire de la sauge. En bref, c’est l’idéal pour délimiter ses allées ou ses carrés de potager, avec par exemple du 4 m sur 4 m (16 m²) maximum.
Les préparatifs nécessaires
Dans l’optique de délimiter un carré potager de 4 m de côté (il est possible de réduire à 3 m, voire 2 pour une formation plus rapide), l’installation du contre-espalier est très facile. Aujourd’hui, il est d’usage de trouver quatre piquets en bois longs de 60 cm. Cela permettra de les enfoncer de 10 cm en terre à chaque angle de votre carré. Sur chaque piquet, il vous faudra ensuite visser deux crochets dits « à vis », partout à la même hauteur. Munissez-vous de fil de fer (n° 14 par exemple) et de quatre raidisseurs (un par côté) pour assurer la tension de l’ensemble.
Il est possible de renforcer chaque piquet (à condition qu’ils soient ronds) grâce à une sardine et un fil tendu vers le sol, ce qui demandera quatre crochets à vis supplémentaires. Pour le palissage (ce sera pour plus tard), vous pouvez opter pour du raphia, du plastique ou de l’osier. Pas très compliqué !
Alphonse du Breuil, le grand spécialiste des arbres fruitiers de la première moitié du XIXe siècle, évoque la possibilité de prendre des piquets de 50 cm pour que le cordon soit formé à 40 cm du sol, soit 10 cm de moins.
Du côté végétal, il faut opter pour un scion d’un an. Il doit s’agir d’un pommier greffé sur un porte-greffe peu vigoureux : le M9 est idéal. Généralement, selon la variété, le prix unitaire varie entre 10 et 20 €. Le pommier aura besoin d’un cognassier d’Angers (A) de faible vigueur.
Conduite et entretien
L’idéal est de planter quatre pommiers par carré, à raison d’un scion par piquet. Dès la plantation (toujours en mauvaise saison, quand la sève est bien en bas), il vous faudra le couder (pas à 90° quand même, mais bien 105° environ) vers votre fil de fer à l’aide d’une ficelle. Taillez ensuite votre arbuste à 50 cm environ au-delà du coude, en faisant en sorte que le dernier œil soit vers le dessous ou, au pire, de côté. Dès la taille d’été, la forme est donnée et il n’y a plus qu’à entretenir et accompagner d’année en année. Un ouvrage de Beccaletto et Retournard sera très utile à ce sujet. Une vidéo permettra également de mieux s’y retrouver :
Il est également possible d’opter pour des cordons horizontaux doubles, également dits « à deux bras ». Dans ce cas, les scions seront possiblement plantés au milieu de chaque côté, à mi-chemin de deux piquets (mais pas forcément, si on préfère un départ à angle droit).
Lorsque les cordons finissent par se toucher, il faut soit les contenir par la taille, soit les greffer l’un à l’autre. De délicieuses pommes en perspective donc !