Certains éleveurs pyrénéens ne votent qu’en fonction de la réintroduction ou non des ours bruns. Comprenez : ils ne veulent pas de ces animaux. Mais – peu nombreux – ils ne pèsent pas grand-chose et le ministre de la Transition écologique veut aujourd’hui relancer la question de la survie de l’ours dans les Pyrénées françaises. Pour cela, Nicolas Hulot prévoit d’y réintroduire deux ourses.
Les ours au plus mal dans les Pyrénées
Le département des Pyrénées-Atlantiques (64) suscite en particulier l’intérêt du ministre de la Transition écologique. Actuellement, on n’y trouve que deux mâles, donc l’un – Cannellito – est le fils de la dernière ourse autochtone : Canelle. De l’autre côté de la chaîne, dans les Pyrénées-Orientales (66) peut-être plus sauvages et au climat très différent, on compte 37 ours à ce jour. Les éleveurs sont les premiers à le déplorer, comme à Saint-Béat en Haute-Garonne il y a deux ans :
L’ours des Pyrénées a été chassé des siècles durant comme un gibier dont la viande était appréciée. Ainsi, au XIVe siècle, le comte de Foix et vicomte de Béarn Gaston Fébus nous décrivait l’« art » nobiliaire que représentait cette chasse. D’abord nombreux, les ours pyrénéens ont vu leurs effectifs décroître peu à peu, alors que l’homme prenait possession – avec ses troupeaux – des montagnes. Mais il y a encore quelques décennies on trouvait des montreurs d’ours jusqu’en plaine, comme à Pamiers ou Toulouse. Au début du siècle dernier, des villageois avaient même opposé l’un de ces animaux aux gendarmes pendant la crise religieuses des inventaires… Ce temps semble désormais bien lointain !
La proposition Hulot
Dans la mesure où il ne reste que deux mâles dans le 64, ce qui condamne localement l’espèce à brève échéance, Nicolas Hulot souhaite faire venir deux femelles auxquelles ils pourront faire des petits en vue de pérenniser l’implantation locale de l’ours brun. Pour faire passer les choses en douceur, le ministre de la Transition écologique a prévu de se rendre sur place. Il compte également s’appuyer sur le préfet du lieu. Tout cela intervient alors que l’État français vient d’être condamné pour « carence » dans la protection des ours pyrénéens.
La dernière grande réintroduction d’ours dans les Pyrénées avait été réalisée sous la présidence de Jacques Chirac, en 2006. Le ministre de l’Écologie Nelly Olin s’était particulièrement intéressée à des spécimens slovènes. À l’époque, sa réforme avait été localement très mal perçue. Venue naïvement sur place, elle avait même été violentée. Aujourd’hui, des vidéos anti-ours circulent sur le web. Des Ariégeois annoncent carrément vouloir reprendre la chasse à l’ours :
Le parcours de Nicolas Hulot s’annonce donc long et épineux… Il paraît cependant probable qu’il évitera les sommets ariégeois !
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