Dans un pays où les habitants (dont le président en tête) sont tout sauf enclins ou intéressés par les questions d’environnement et d’écologie, le projet de ville 100 % écologique Babcock Ranch ne semble pas être à sa place. Initiée par une ex-gloire du football américain et construite dans un État absolument pas impliqué dans la mouvance de l’écologie, voici la ville du futur, où tout est pensé pour mieux respecter l’environnement.

Une histoire et des origines assez loufoques

Nous faisons un flashback en 2006, alors que Syd Kitson – ex-footballeur américain reconverti en promoteur immobilier – fut pris de l’envie de vivre dans un environnement vert, beaucoup moins énergivore, plus respectueux de notre planète et ne polluant quasiment pas – ou très peu. L’objectif était de partager avec des amoureux de la nature son projet fou.

Babcock Ranch la ville écologique et 100 solaire de Floride Crédits photo YouTube

Pour y parvenir, Kitson acheta quelque 38 000 hectares dans une municipalité située au sud-ouest de la Floride. Il revendit une partie de son bien à l’État de Floride, et celle-ci fut transformée en réserve naturelle.

Sur les 7 800 hectares restants, Syd s’est pris à construire une ville baptisée Babcock Rock, la première ville écologique et verte de Floride.

Babcock Ranch : un projet fou semé d’embûches

Il aura fallu attendre 10 ans pour voir les premiers habitants emménager à Babcock Ranch. Les travaux y débutèrent en mai 2010, soit peu de temps après le début de la crise économique des subprimes. Cela contraignit Syd à mettre au point mort les travaux de construction de sa ville.

Babcock Ranch Crédits photo Babcock Ranch

De plus, l’espace sur lequel devait se bâtir la ville était la propriété d’une famille ancestrale, les Babcock, qui ne voyait pas d’un bon œil la construction de la ville verte. En effet, ceux-ci pensaient que le projet allait dégrader leur environnement historique et leur mode de vie rural, tout en rendant les loyers dans la localité moins abordables pour les petits revenus.

Après avoir réussi à convaincre les Babcock, Syd Kitson racheta pour 700 millions de dollars leurs terres puis en revendit une grande partie à la Floride contre 350 millions de dollars. C’est cette mise de départ qui permit de démarrer les travaux.

Des habitations pas données et pleines de concessions

Pour concevoir des habitations éco-responsables, un nombre assez important de concessions ont dû être faites. Notamment au niveau de la taille des maisons. Dans un pays où les propriétaires sont habitués à des maisons bâties sur de grands espaces, au minimum 250 m², il a fallu convaincre les potentiels habitants d’accepter de résider dans des maisons de 160 m² de surface habitable.

Exemple dune maison bâtie à Babcock Ranch Crédits photo Flickr

Construite sur 180 hectares, la ville dispose de logements pour tous les budgets, allant de 180 000 dollars (160 000 euros) à 800 000 dollars. Voire beaucoup plus.

De l’électricité 100 % verte et solaire ? Oui c’est possible

L’autre obstacle ayant failli faire avorter le projet de Babcock Ranch fut l’approvisionnement en électricité. En effet, ce projet se voulant purement et simplement écologique se devait de faire l’impasse sur le réseau électrique local donc l’électricité est produite d’une part par le nucléaire, mais également le charbon ou le pétrole.

Panorama de Babcock Ranch Crédits photo YouTube

C’est surtout le coût de la construction et la mise en place d’une infrastructure propre de production énergétique qui inquiétaient dans le projet plus qu’autre chose. Pour pallier ce problème, Syd s’est donc tourné vers la Florida Power and Light (FPL), la compagnie d’électricité de la Floride. L’objectif était de promouvoir auprès de celle-ci une ville futuriste, au sein de laquelle la FPL pourrait grâce à un terrain donné gratuitement par Syd construire une ferme solaire et générer du cash.

Il ne fallut pas très longtemps pour convaincre la FPL. 179 hectares de terres furent donnés à la société. Elle y construisit une ferme solaire disposant de 340 000 panneaux photovoltaïques produisant l’équivalent de 75 mégawatts d’énergie. De quoi alimenter 21 000 foyers, la capacité totale de Babcock Ranch étant de 50 000 habitants.

Pas de gaspillage d’eau prévu

En effet, le principal problème des villes américaines aujourd’hui, c’est l’approvisionnement en eau potable. Certaines jouissent de quotas qu’ils ne doivent dépasser au risque de se voir couper les alimentations hydriques. Pour pallier cette autre problématique, l’eau qui irrigue le territoire de Babcock Ranch est entièrement recyclée.

Pas de véhicules : les transports en commun en pole position

Autre particularité de Babcock Ranch : vous ne trouverez aucun véhicule personnel sur la chaussée, puisque les navettes électriques sans chauffeur servent de moyens de transport en commun.

Afin de réduire la dépendance aux voitures, quelque 80 km de voies piétonnes ont été construits. Ces voies accueillent également les vélos. Tout est fait pour pousser les habitants à laisser au garage leurs véhicules.

Ville pensée utilitaire et auto-suffisante

Babcock Ranch est une cité cernée de partout par de la verdure. La ville dispose de grands espaces agricoles où est pratiquée de l’agriculture éco-responsable, et de marchés où sont écoulés les produits cultivés localement.

Supermarché local à Babcock Ranch Crédits photo Babcock Ranch

Tout fonctionne en circuit fermé à Babcock Ranch. Au-delà du fait qu’il s’agisse d’une ville avant-gardiste et radicale sur le plan écologique, elle pourrait bien paver la voie à l’urbanisme du futur aux États-Unis.

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Jessica, journaliste aguerrie avec une solide expérience en gestion de projet et rédaction web, est diplômée de Sciences Po en Communication et Médias. Elle capte l'attention par des contenus précis et percutants, couvrant les évolutions médiatiques avec rigueur et clarté. Contact : [email protected].

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