Des médias francophones ont récemment relayé une étude venue des États-Unis. Des chercheurs se sont en effet intéressés aux possibles corrélations entre les cycles de l’économie et la fécondité dans leur pays. Et les résultats qu’ils ont obtenus sont surprenants : chaque baisse de la natalité aurait par le passé entraîné une récession économique !
Prévoir les booms et récessions économiques ?
On parle volontiers de « science économique ». Pourtant, s’il y a une science où les experts ne sont vraiment pas d’accord entre eux, c’est bien l’économie. Quoi qu’il en soit, cette dernière ressemble un peu à la météorologie par certains aspects. En effet, les météorologues s’appuient sur différents indices et mesures pour essayer de prévoir le temps qu’il fera. De même, les économistes s’ingénient à rechercher un fameux « indicateur avancé » qui permettrait de prévoir les cycles économiques et les tendances globales à venir. Et on l’aurait peut-être enfin trouvé :
https://www.youtube.com/watch?v=wDDomC_rRGQ
Souvent, on prenait des données comme l’état d’esprit des entrepreneurs, le crédit ou la confiance des ménages, surtout dans des économies de marché alimentées par la consommation. Pour faire original, certains chercheurs ont pu prendre comme bases des critères plutôt farfelus : longueur des jupes, vente de cartons ou de cravates… Pas très convaincant tout de même !
Une thèse inédite
Mais trois économistes américains renommés ont peut-être trouvé, enfin, un « indicateur avancé » apparemment fiable. Il s’agit de la natalité ou, plus exactement, de la fécondité. Leur article scientifique a été publié par le National Bureau of Economic Research le lundi 26 février 2018. Il a été relayé par le Financial Times, entre autres médias mondialement réputés. Vous retrouverez quelques explications ici :
https://www.youtube.com/watch?v=VQmP8izWb4E
Steven Lugauer, Kasey Buckles et Daniel Hungerman sont des universitaires de l’Indiana ou du Kentucky. Ils ont étudié trois récessions récentes aux États-Unis – les trois dernières, en fait. 1992, 2003 et 2009 en sont les années les plus marquantes. Ils ont à chaque fois constaté que les naissances avaient chuté au moins six mois avant la récession. De là, ils tâchent de conclure que la croissance et la natalité viendraient d’un même facteur : la confiance. Dans le cas de la crise économique de 2008, ce serait d’ailleurs le seul élément avant-coureur qu’il soit possible de trouver.
Les trois économistes émettent cependant des réserves, estimant que toute baisse de la fécondité n’entraînerait pas forcément une récession d’ampleur – voire pas de récession du tout. Un autre problème, et de taille, est que la natalité est généralement évaluée a posteriori. Quoi qu’il en soit, malheureusement, les naissances sont en berne dans l’Hexagone… Espérons donc que ce ne soit pas le prélude d’une catastrophe !