08Les courants écologistes sont très vastes. En leur sein, des personnes pensent que la Terre est surpeuplée et qu’il faudrait réduire le nombre de ses habitants. Entre décroissance et dénatalité, ils estiment que le bien de la planète passe par la recul de la démographie humaine. La Chine, État le plus peuplé du globe, est depuis longtemps très en deçà du seuil de renouvellement naturel de la population. Mais quelles en sont les conséquences ?
La politique de l’enfant unique
Tout le monde sait que le régime communiste chinois a longtemps fait valoir une politique de l’enfant unique. Il ne s’agissait pas d’un vain texte de loin. Bien au contraire, son effectivité était surveillée, au prix de sanctions lourdes pour les parents contrevenants. Il était très difficile de cacher un enfant, y compris à la campagne.
Cette politique était la continuité de la Révolution culturelle. L’État désirait briser l’institution familiale, très forte dans la Chine confucéenne. Les balbutiements de Mao en matière de planification des naissances ont été étendus par Deng Xiaoping. Stérilisations et avortements étaient alors imposés par le régime. Ces premières auraient été 196 millions et ces derniers 336 millions en 40 ans environ, d’après le ministère de la Santé de la RPC.
Face au désastre, il y a eu un premier recul en 2013. Depuis, si le premier-né est une fille, ses parents peuvent procréer un second enfant. Mais cela ne suffit pas : la natalité reste en berne dans un pays où les richesses sont très inégalement partagées.
La fécondité toujours très basse en Chine
Le dernier chiffre disponible concerne l’année 2017. La République populaire de Chine jouit d’un indice de fécondité d’1,18, ce qui signifie que très peu de Chinoises ont plus d’un enfant. Ce chiffre est très largement au-dessous du seuil de renouvellement de la population. Pour mémoire, celui-ci se situe à 2,1 et correspond à un « accroissement » naturel nul. Cela signifie qu’en l’absence d’immigration la population chinoise est appelée à décroître, et relativement rapidement.
Les causes de cette faible natalité sont nombreuses. Il y a d’abord une redistribution des richesses très inégale, condamnant les campagnes jadis plus fécondes à la pauvreté voire à la misère. Outre un matérialisme galopant (les classes urbaines aisées sont celles qui ont le moins d’enfants : taux de 0,71 à Pékin et de 0,73 à Shanghai !), il y a surtout les mesures politiques prises par le régime communiste en place. De la décennie 1970 jusqu’en 2013, la loi de l’enfant unique a été sévèrement appliquée. Depuis, une légère dérogation a été consentie : une seconde progéniture est possible dans certains cas. Explications en vidéo :
Mais l’assouplissement tout relatif de 2013 est arrivé trop tard. Surtout, voulant des bras forts, les paysans chinois ont préféré avorté ou tué des filles pour avoir des garçons. C’est aussi une survivance de l’antique droit d’aînesse des civilisations traditionnelles en vue de préserver un patrimoine en la personne de l’aîné masculin. Cela a produit un déséquilibre démographique, avec beaucoup plus de garçons que de filles. Aujourd’hui, ces dernières sont devenues des femmes en âge de procréer, mais elles ne sont pas assez nombreuses pour faire face à l’ampleur de l’offre masculine. Aucune province chinoise ne dépasse donc un indice d’1,8.
Un bien ou un mal pour la Chine ?
La fécondité est en baisse dans presque tous les pays de la planète. Les États de l’ancienne aire soviétique connaissent eux aussi des difficultés, car la pauvreté causée par l’effondrement du bloc de l’Est autour de 1990 a réduit le nombre des naissances. Ces classes creuses sont aujourd’hui en âge de procréer, mais elles sont trop peu nombreuses pour renouveler la population. C’est pour cela qu’après un léger regain la natalité russe baisse à nouveau.
La Chine n’est pas isolée dans sa région du globe. Avec un taux d’1,12, Taiwan fait pire. La Corée du Sud de même. Sont légèrement mieux lotis Hong Kong (1,23), Macao (1,28) et le Japon (1,41). En revanche, la Corée du Nord flirte (1,97) avec le seuil de renouvellement tandis que la Mongolie connaît un véritable accroissement naturel (fécondité de 2,64).
Les conséquences de cette faible natalité pourraient être une perte de puissance de la Chine, que l’on peut espérer correspondre avec une moindre pollution de la part des industries locales. Mais dans deux ans au pire ou sept ans au mieux (pour elle), la Chine sera démographiquement dépassée par l’Inde, qui deviendra par conséquent l’État le plus peuplé de la planète.
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