Les épices indiennes, prisées mondialement, font actuellement l’objet de préoccupations sanitaires majeures en raison de la présence de pesticides cancérigènes et de bactéries dangereuses.
Une industrie phare sous surveillance
L’Inde, reconnue comme un des plus grands exportateurs d’épices au monde, voit son marché constamment croître, atteignant près de 10 milliards de dollars en interne, en plus de ses exportations. Cette riche tradition culinaire, ancrée dans les cultures du monde entier, se retrouve dans les cuisines grâce à des géants de l’industrie comme MDH et Everest. Néanmoins, ces marques phares se trouvent aujourd’hui sous une intense surveillance internationale à cause de problèmes récurrents de qualité et de sécurité sanitaire.
Alarmes sanitaires dans plusieurs pays
Depuis plusieurs mois, les détecteurs de normes sanitaires de différents pays ont pointé du doigt les épices indiennes. En avril dernier, Singapour et Hong Kong ont retiré certains lots de la vente suite à la découverte d’une présence élevée d’oxyde d’éthylène, un pesticide classé cancérigène. L’oxyde d’éthylène a déjà été associé à divers types de cancers, notamment les lymphomes et les cancers de l’estomac, ce qui pousse les autorités à agir de manière proactive.
La contamination par l’oxyde d’éthylène n’est pas un incident isolé chez MDH. Les États-Unis, l’Union européenne, les Maldives, le Bangladesh et l’Australie avaient déjà notifié ce problème à plusieurs reprises. Reuters a rapporté que Washington avait rejeté 14,5 % des importations en raison de la présence de salmonelle, une bactérie dangereuse qui peut causer des intoxications alimentaires graves. Treize des 65 cargaisons indiennes envoyées vers les États-Unis par MDH depuis octobre 2023 ont été rejetées. Cependant, tant MDH qu’Everest affirment que leurs produits respectent les normes de sécurité alimentaire.
Précautions et révélations gouvernementales
Le gouvernement indien, ayant pris conscience des accusations et des soupçons concernant l’industrie des épices, s’engage à respecter les protocoles sanitaires très stricts. En 2014, une entreprise de Calcutta avait suscité des inquiétudes après la découverte de plomb dans les colorants utilisés pour donner des couleurs vives aux épices. En avril 2024, les autorités indiennes ont saisi 60 000 kg d’épices coupées avec d’autres substances indésirables à Gujarat, marquant une action ferme contre les pratiques frauduleuses.
L’autorité de santé indienne a insisté sur le fait que les producteurs doivent se conformer aux taux maximaux de pesticides autorisés, soulignant que ces normes sont parmi les plus rigoureuses au monde. The Hindu a rapporté ces mesures, qui entendent protéger non seulement les consommateurs nationaux mais aussi rassurer les partenaires commerciaux internationaux.
L’impact sur l’image de marque nationale
Selon Narasimha Reddy Donthi, un chercheur et activiste pour l’environnement, l’image de l’Inde en tant qu’exportateur fiable d’épices est en nette régression ces dernières années. Il souligne le manque de vigilance et de régulation effective de la part du gouvernement, ce qui a conduit à des contaminations à des étapes différentes de la chaîne de production et de distribution. « L’Inde exporte ses épices depuis des siècles, » dit-il, « Mais son image est en déclin à cause du manque d’attention du gouvernement. On ne sait pas encore exactement à quel stade les contaminations surviennent. L’oxyde d’éthylène n’est pas utilisé par les agriculteurs. C’est certainement quelque chose qui est ajouté après la récolte et lors de la transformation. »
Un défi pour le secteur des épices
L’Inde doit affronter cette crise avec une approche multifacette. Il faudra peut-être revoir non seulement les standards de production mais aussi les méthodes de transformation et de conditionnement des épices pour qu’elles répondent aux normes internationales. Les entreprises comme MDH et Everest devront travailler en étroite collaboration avec les autorités sanitaires pour redorer leur blason et retrouver la confiance tant des consommateurs que des importateurs.
Que ce soit pour les consommateurs passionnés de cuisine indienne ou pour les investisseurs regardant ce marché juteux, la question reste ouverte : comment l’Inde parviendra-t-elle à restaurer la brillance de ses épices sans compromettre la sécurité et la santé des consommateurs ?