Après les récifs artificiels et les stations de ski en plein désert, Dubaï veut planter 100 millions d’arbres à mangrove sur son littoral afin de le protéger du changement climatique et absorber du CO2. Tout en envisageant aussi d’en faire une nouvelle attraction touristique.
Dubaï en quête de diversification économique et écologique
Les nations du Golfe explorent activement les voies de l’après-pétrole, en cherchant notamment à diversifier leurs sources de revenus. Pour Dubaï, la plus grande ville des Émirats arabes unis, cette approche passe par une transformation en destination incontournable pour le tourisme de luxe et les technologies de pointe. Cet ambitieux projet d’implantation de mangroves fait partie des initiatives visant à adapter la métropole désertique aux défis du changement climatique.
Le projet dubai mangroves : plus grand projet de régénération côtière
ONU et CNN décrivent Dubai Mangroves, comme « le plus grand projet de régénération côtière au monde ». Ce projet prévoit de reboiser environ 72 km de côtes avec des palétuviers et autres arbres à mangrove. Ces espèces végétales, qui prospèrent dans les marais maritimes et les eaux salées, joueront un rôle crucial dans la protection côtière.
Un “tampon” naturel contre les éléments
Les mangroves se distinguent par leur capacité à fonctionner comme des tampons entre l’océan et les terres. Elles absorbent efficacement les eaux des grandes marées et des tempêtes, offrant ainsi une protection optimale contre l’érosion et la montée du niveau de la mer. De plus, ces zones humides servent de refuges pour une biodiversité riche, tant marine qu’amphibie, tout en absorbant plus de CO2 qu’une forêt traditionnelle. Le promoteur du projet, Urb, avance que _Dubai Mangroves_ permettra de capter environ 1,2 million de tonnes de CO2 par an, équivalent aux émissions annuelles de 260 000 voitures à essence.
Le tourisme responsable comme levier
Bien entendu, Dubaï ne se contente pas de l’aspect environnemental. Urb met en avant l’aspect touristique responsable du projet sur son site Internet. Le projet inclura des promenades guidées, des programmes éducatifs et des activités de conservation. Ces initiatives permettront aux visiteurs de s’engager activement et de mieux comprendre l’importance des écosystèmes de mangrove pour la santé environnementale mondiale. Urb promet également la création de 10 000 emplois dans le cadre du projet.
Des perspectives et des défis significatifs
Cependant, ce type de projet, bien que prometteur, soulève des questions quant à sa réalisation et son impact. Les États du Golfe ont l’habitude de concevoir des projets pharaoniques, qui peuvent se heurter à des retards ou des révisions. Par exemple, le projet saoudien _The Line_, visant à créer une ville intelligente zéro-carbone, subit déjà des retards et des critiques concernant son impact environnemental.
Les Émirats ne sont pas en reste avec des projets comme The Loop, une autoroute cyclable de 93 km annoncée en 2022, ou Agri Hub, un centre de recherche écologique de 40 hectares. Tous ces projets, bien que grandioses, suscitent des interrogations sur leur faisabilité et leur véritable impact environnemental.
Un modèle de développement à repenser
Face à ces ambitions, il est important de rappeler que Dubaï affiche une empreinte carbone par habitant parmi les plus élevées au monde avec 29,3 tonnes de CO2 par personne en 2022, soit bien au-delà des 17,9 tonnes émises par un Américain, selon l’Institut français des relations internationales. Ces chiffres posent la question de la cohérence entre les grands projets environnementaux et les modes de vie actuels des habitants.
L’avenir de Dubaï : promesse ou illusion ?
Dubaï nous démontre à nouveau sa capacité à rêver grand avec ce projet de mangroves. Il symbolise les ambitions écologiques et économiques de la cité-état, tout en posant des questions sur la durabilité et la faisabilité de telles initiatives à grande échelle. Ces efforts verts suffiront-ils à compenser les émissions colossales de la ville et à garantir un avenir durable pour ses habitants ?