Le Premier ministre souhaite rapidement légiférer pour contraindre les entreprises à s’adapter aux vagues de chaleur, afin de mieux protéger les salariés.
Le réchauffement climatique impose de nouvelles réalités et responsabilités. Pour répondre à ces défis, le gouvernement français prévoit d’adapter le Code du travail aux épisodes caniculaires. Le Premier ministre Gabriel Attal veut équiper les entreprises avec des dispositions légales pour protéger les salariés lors de fortes chaleurs ou de froids extrêmes.
Protéger les salariés lors des canicules
Le 14 mai dernier, Franceinfo révélait que le gouvernement envisageait de renforcer la protection des travailleurs face au réchauffement climatique. Actuellement, le Code du travail français ne précise aucune mesure concrète que les employeurs doivent prendre en période de fortes chaleurs. Les dispositions actuelles dépendent majoritairement de la jurisprudence et du bon sens des chefs d’entreprise. Par exemple, les employés dans le secteur du bâtiment adaptent leurs horaires pour éviter les périodes les plus chaudes de la journée. Cependant, aucun seuil de température n’est fixé officiellement pour justifier de telles mesures.
Anticiper les vagues de chaleur
Contrairement aux demandes de syndicats comme la CGT qui militent pour des seuils de température précis, le gouvernement ne prévoit pas de fixer des limites strictes. Une température de 35°C ne sera en effet pas ressentie de la même manière par un travailleur en open-space et un autre sur un chantier en plein soleil. L’approche préférée du gouvernement est donc de laisser une marge de manœuvre aux employeurs tout en exigeant des mesures concrètes pour chaque situation particulière.
Vers un plan d’adaptation au cas par cas
Gabriel Attal a ainsi annoncé son intention d’obliger les entreprises à prendre leurs responsabilités via l’établissement de plans d’adaptation en fonction des spécificités de chaque activité et environnement de travail. Ce projet vise à inciter à la bonne foi des employeurs, tout en renforçant les pouvoirs de l’inspection du travail. Désormais, la canicule pourrait devenir un motif légitime pour arrêter l’activité d’une entreprise, ce qui n’est pas le cas actuellement.
Les tragiques conséquences des accidents de travail
Il est important de noter qu’en France, deux personnes décèdent chaque jour à cause de leur activité professionnelle. Bien que la plupart de ces décès soient liés à des accidents mécaniques, l’exposition à de fortes températures n’est pas sans conséquences. Entre 2017 et 2022, 54 décès au travail provoqués par les canicules ont été recensés, selon une étude de Santé Publique France. Ce chiffre alarmant souligne l’importance de prendre des mesures drastiques pour protéger les travailleurs.
Priorité à la prévention
Le gouvernement veut aussi mettre l’accent sur la prévention. Pour éviter les accidents liés aux conditions climatiques extrêmes, une Journée nationale des accidents du travail pourrait être instaurée le 28 avril, en parallèle avec la journée mondiale de commémoration des morts au travail. En outre, une campagne de sensibilisation pourrait être lancée pour informer les entreprises sur les droits et les aides disponibles pour mieux s’équiper et former leurs employés face aux risques professionnels.
Un projet aux nombreux enjeux
Adaptez le Code du travail au changement climatique pose de multiples défis. Outre la protection accrue des salariés, cela soulève des questions de viabilité économique pour les entreprises. Néanmoins, investir dans des mesures de sécurité pourrait également se traduire par une amélioration de la productivité et un climat de travail plus sain. Le projet gouvernemental soulève aussi des enjeux juridiques quant à la responsabilité des employeurs en cas de non-respect des nouvelles mesures.
Alors que le réchauffement climatique s’accentue, quelle sera la réaction des entreprises face à ces nouvelles obligations ? La prévention et l’adaptation seront-elles suffisantes pour préserver la santé des travailleurs ? Ces questions resteront au cœur des débats dans les mois à venir, alors que le gouvernement planche sur cette réforme essentielle pour l’avenir du travail en France.
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