Des scientifiques pensent avoir découvert l’origine de la matière organique sur Mars grâce aux dernières analyses du rover Curiosity.
Les rovers martiens, Curiosity en tête, ont décelé des traces de matière organique dans les sédiments du cratère Gale, interpellant la communauté scientifique sur l’origine de ces composés. Alors que la présence de vie sur Mars reste incertaine, des chercheurs mettent en évidence des processus abiotiques pour expliquer la formation de cette matière organique.
La découverte surprenante de matière organique
Piloté par la NASA, le rover Curiosity a mis en lumière des molécules organiques dans les couches sédimentaires du cratère Gale. Cette découverte initiale a suscité de nombreux espoirs concernant la possible existence de vie passée sur la Planète rouge. Les sédiments analysés, vieux de 3,8 milliards d’années, témoignent d’un environnement qui, par le passé, abritait probablement de l’eau liquide, une condition nécessaire au développement de la vie telle que nous la connaissons sur Terre.
Les comparaisons isotopiques
Pour différencier les origines de la matière organique martienne, les chercheurs se sont concentrés sur l’analyse isotopique des isotopes du carbone : le ^13C et le ^12C. Sur Terre, l’activité biologique favorise l’utilisation du ^13C, avec une présence notable dans les matériaux sédimentaires et le dioxyde de carbone atmosphérique. Néanmoins, sur Mars, l’abondance de ^13C est étonnamment plus faible, variant entre 0,92 % et 0,99 % par rapport à des valeurs terrestres de 1,04 % à 1,07 %. Cette différence isotope suggère une origine alternative et non biologique.
Origine atmosphérique plutôt qu’une origine biologique ?
Une étude publiée dans la revue Nature Geoscience propose une explication atmosphérique à la présence de cette matière organique sur Mars. Selon les auteurs, les radiations ultraviolettes du Soleil interagissent avec le dioxyde de carbone (CO2) martien, favorisant la dissociation des molécules riches en ^12C et formant ainsi du monoxyde de carbone (CO). Les conditions atmosphériques de Mars ont alors permis à ce CO d’interagir avec d’autres éléments pour former des composés organiques simples, tels que le formaldéhyde et les acides carboxyliques. Ces composés furent ensuite intégrés dans les sédiments via l’eau présente autrefois sur la surface de la planète.
Impact des poussières interplanétaires et astéroïdes
Une hypothèse complémentaire évoque que ces composés organiques pourraient être apportés par les poussières interplanétaires et les impacts d’astéroïdes. Les chercheurs estiment que près de 200 tonnes de matière organique, principalement d’origine cosmique, se déposeraient chaque année sur Mars. Ces particules se composent de débris d’astéroïdes, de comètes et de poussières interstellaires, qui, au fil du temps, ont enrichi la surface de Mars en matière organique. Les impacts de corps célestes, notamment ceux de la ceinture d’astéroïdes située à proximité de Mars, sont supposés jouer un rôle significatif dans l’ajout continu de composés organiques sur la Planète rouge.
Une équipe a étudié ces apports via des simulations des taux d’impacts sur Mars et a estimé que la majorité de la matière organique y serait déposée par les poussières interplanétaires, représentant environ 67 % des apports. Le reste proviendrait des astéroïdes (26 %) et des comètes (7 %). Ces résultats illustrent que les astéroïdes de type carboné, prédominants dans la ceinture d’astéroïdes, sont d’excellents vecteurs de composés organiques vers Mars.
Perspective future pour la recherche martienne
Ces découvertes ouvrent la voie à de nouvelles stratégies d’exploration et de recherche sur Mars. En examinant de plus près les cratères d’impact et leurs alentours immédiats, les scientifiques espèrent accumuler davantage de preuves sur l’origine des molécules organiques. Les missions futures, telles que celles menées par les rovers Perseverance et Rosalind Franklin, devraient se concentrer sur ces zones spécifiques afin d’analyser les échantillons de manière plus détaillée.
Ces études élargissent également la réflexion sur la possibilité de vie ailleurs dans l’univers. Si les astéroïdes et les comètes peuvent apporter les éléments essentiels à la vie sur Mars, qu’en est-il des autres corps célestes au-delà de notre système solaire ? Avec l’eau comme catalyseur potentiel, ces ingrédients pourraient bien détenir la clé d’une autre forme de vie, dans des mondes encore inexplorés. La présence d’éléments organiques sur Mars n’est qu’une pièce d’un puzzle cosmique beaucoup plus vaste. Nous sommes encore loin d’une conclusion définitive, mais chaque découverte nous rapproche un peu plus des réponses aux kérences essentielles sur l’origine de la vie. Quelle sera la prochaine étape dans cette quête interplanétaire ?