D’une richesse écologique inestimable à une catastrophe environnementale sans précédent, la disparition progressive de la mer d’Aral représente un défi environnemental majeur nécessitant une réflexion approfondie sur notre gestion des ressources naturelles.

Revitaliser une terre salinée

Là où se trouvait jadis une mer foisonnante, aujourd’hui une poussière de sel désolante et des herbes sèches couvrent le paysage. En un demi-siècle, la mer d’Aral, localisée dans l’ouest de l’Ouzbékistan et qui était autrefois le quatrième plus grand lac du monde, a presque complètement disparu. Dans ce qui a été qualifié de « pire catastrophe environnementale au monde ». L’assèchement de cette mer a laissé derrière lui une terre salinée, aride et stérile.

Une initiative d’aide étrangère et de collaboration scientifique japonaise, la SATREPS, mène un projet innovant pour déterminer si l’Atriplex, une plante halophyte, pourrait être cultivée dans cette région hostile. Les premières expériences sont encourageantes, la plante réussissant à maintenir l’humidité du sol et pouvant se développer sans fertilisant abondant.

Valoriser une plante résistante

La redécouverte de l’Atriplex qui, selon les chercheurs, « n’a pas besoin d’eau, elle n’a besoin de rien », pourrait révolutionner l’agriculture locale. L’objectif est d’optimiser les conditions de culture de cette plante pour promouvoir une agriculture durable dans la région. Les données climatiques et les images satellites récoltées permettent de mieux cerner les conditions de la région et d’orienter la distribution de l’eau.

Mise en œuvre par l’équipe du SATREPS, ce projet de revitalisation des terres asséchées de la mer d’Aral pourrait non seulement transformer l’agriculture régionale mais aussi servir de modèle pour d’autres régions du monde confrontées à des défis similaires.

Le tribut d’une politique agricole

La tragédie de la mer d’Aral est en grande partie le résultat d’une politique agricole intensive menée au détriment de la biodiversité. Dans les années 1960, le système d’irrigation mis en place pour les cultures de coton a privé d’eau le lac, accélérant son assèchement. Petit à petit, le niveau de la mer a chuté, laissant place à un sol salinisé, difficilement exploitable pour l’agriculture traditionnelle.

Alors que le gouvernement ouzbek semble ouvert à des changements, les recommandations des chercheurs suffiront-elles à inverser cette tendance destructrice ? Si le pays montre des signes d’ouverture, en assouplissant les politiques strictes héritées de l’ère soviétique, la mise en place de ces nouvelles formes d’agricultures durables reste un défi de taille.

Développer une agriculture durable

Pour l’équipe de chercheurs du SATREPS, le projet ne s’arrête pas à l’Atriplex. D’autres cultures, comme le sorgho, les haricots mungo et l’amarante, sont également à l’étude afin de déterminer celles offrant la meilleure résistance dans des conditions environnementales extrêmes. Parallèlement, des techniques d’irrigation plus efficaces sont testées pour réduire la consommation d’eau.

Face à cette situation, l’équipe de recherche se garde bien de promettre un retour à la situation antérieure, préférant se concentrer sur le développement de nouvelles formes d’agriculture et d’industrie capables d’aider les communautés locales à s’adapter à ces changements drastiques.

Plutôt que d’espérer retrouver la mer d’Aral d’antan, les efforts doivent se concentrer sur l’adaptation à cette nouvelle réalité, estime Temur Khujanazarov, chercheur à l’université de Kyoto. Les conséquences de cette catastrophe environnementale sont irrémédiables, est-il prudent d’attendre un retour à la normale ou convient-il davantage d’anticiper ces défis et de profiter de ces crises pour revoir en profondeur notre relation à la nature ?

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Jessica, journaliste aguerrie avec une solide expérience en gestion de projet et rédaction web, est diplômée de Sciences Po en Communication et Médias. Elle capte l'attention par des contenus précis et percutants, couvrant les évolutions médiatiques avec rigueur et clarté. Contact : [email protected].

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