Une récente étude scientifique met en lumière la manière dont la pollution de l’air modifie le comportement reproductif des insectes, leur faisant choisir des partenaires de la mauvaise espèce. Un phénomène qui pourrait avoir des conséquences dévastatrices sur la biodiversité.
Un comportement reproductif perturbé
Durant une exposition à des taux élevés d’ozone, similaires à ceux que l’on peut rencontrer en milieu urbain en été, les chercheurs ont noté que quatre espèces de drosophiles (Drosophila melanogaster, Drosophila simulans, Drosophila sechellia, Drosophila mauritiana) présentaient un comportement reproductif modifié. Cette pollution atmosphérique, due principalement aux émissions de gaz par les véhicules et accentuée par les conditions de chaleur et d’ensoleillement, semble perturber leur capacité à distinguer correctement les individus de leur propre espèce.
La naissance d’hybrides
Ces insectes une fois exposés à l’ozone, ont tendance à choisir des partenaires d’espèces différentes pour la reproduction. Ce phénomène se traduit par une augmentation significative du nombre d’individus hybrides : alors que dans des conditions normales de l’air, le taux d’hybridation est de 20 %, il grimpe jusqu’à 70 % lorsque les femelles sont exposées seulement deux heures à ce polluant.
Ozone et communication entre insectes
Ces résultats font écho à une précédente étude, parue en mars 2023, qui avait établi un lien entre l’ozone et l’oxydation des phéromones mâles de certains insectes. Ce processus chimique altérerait donc la capacité des insectes mâles à communiquer sexuellement, menant à une confusion au moment du choix du partenaire.
Des implications désastreuses pour la biodiversité
Une telle tendance de reproduction inter-espèces n’est pas sans conséquent pour le vivant. En effet, la plupart du temps, les nouveaux nés hybrides sont stériles. Si ce mécanisme se généralise à d’autres espèces d’insectes que les drosophiles, ceci pourrait potentiellement aggraver la baisse de la population d’insectes, un déclin déjà notable à travers le monde. Markus Knaden, l’un des auteurs de l’étude, explique cette situation dramatique face à des médias, notamment américains.
Mais la véritable question est : dans quelle mesure les différents acteurs sauront-ils prendre en compte ces découvertes dans la mise en place de mesures visant à réduire la pollution de l’air ? Serions-nous prêts à agir rapidement avant qu’il ne soit trop tard pour inverser la tendance de cet impact désastreux sur la biodiversité ?