Notre représentation habituelle de la Terre comme une sphère flottante dans l’univers est mise à rude épreuve par les conséquences insoupçonnées du réchauffement climatique. En effet, nos montres pourraient faire les frais de ces bouleversements, qui ralentissent la rotation de notre planète devant nos yeux.
Une terre qui ne tourne plus rond
On a tous en tête l’image d’une Terre parfaitement sphérique, flottant dans l’immensité de l’univers. Pourtant, notre planète bleue est légèrement aplatie aux pôles, et légèrement plus large à l’équateur. Ce phénomène naturel est aujourd’hui accentué par le réchauffement climatique – une conclusion présentée dans une étude récente parue dans la revue Nature.
Ce qui se passe est simple : « On observe en ce moment que les deux grandes calottes polaires, le Groenland et l’Antarctique, perdent de plus en plus de glace à cause du réchauffement climatique », explique Heidi Sevestre, glaciologue. Résultat, « cette glace se transforme en eau, et avec la rotation de la Terre, elle va petit à petit être transportée au niveau de l’équateur, aplatissant d’autant plus la Terre », poursuit-elle.
Un ralentissement global
Ce remodelage de la Terre aurait un impact direct sur la vitesse de rotation de notre planète. « Comme un patineur qui étend ses bras pour ralentir sa rotation, la Terre s’aplatit et ralentit », compare Heidi Sevestre. Une illustration pour un phénomène d’ampleur : le réchauffement climatique perturbe nos horloges. C’est ce que révèle l’étude parue dans Nature. « L’effet du réchauffement climatique depuis 1990 a été de ralentir la rotation de la Terre. Si le réchauffement climatique ne s’était pas produit, la Terre aurait continué à tourner plus vite », indique Duncan Agnew, auteur principal et chercheur en géophysique.
Impact sur le temps
Cette diminution de la vitesse engendre un autre problème, qui pourrait paraitre anodin : notre mesure du temps pourrait intégrer cette nouvelle donne. En effet, la rotation de notre planète ne coïncide pas toujours avec le rythme des 24 heures de nos montres. Ce décalage pourrait être compensé par l’ajout ou le retrait d’une seconde à nos 24 heures.
L’exactitude de nos horloges atomiques, touchée par le réchauffement climatique, devra sans doute être réajustée. Mais n’interprétons pas hâtivement cela comme un « impact positif » du changement climatique, prévient Duncan Agnew : « Considérer le réchauffement climatique comme positif en raison de son effet sur la mesure du temps, c’est comme regarder un lac pollué et considérer que la pollution est positive car elle fait changer la couleur de l’eau ».
Le réchauffement climatique, une réalité implacable
Les conséquences du réchauffement climatique en termes de hausse du niveau des mers sont de mieux en mieux identifiées. La fonte des glaces implique un déplacement inéluctable de centaines de millions de personnes menacées par la montée des eaux. Pourtant, ce ralentissement de rotation souligne, s’il le fallait encore, l’ampleur des dégâts causés par ce phénomène climatique majeur.
« Le réchauffement climatique a progressé au point que ses effets se manifestent dans la façon dont la Terre entière tourne. Un phénomène qui n’a jamais été vu auparavant », déplore Duncan Agnew. Face à ces changements sans précédent, la question se pose : assiste-t-on en direct à la redéfinition de notre réalité ?