Quatre ans après son entrée en vigueur, la loi antigaspillage pour une économie circulaire censée marquer une avancée significative dans la lutte contre le gaspillage et la réduction des déchets en France, se heurte à des difficultés majeures. Certaines organisations pointent du doigt un manque de volonté politique, des mesures non appliquées et des décrets qui ont affaibli l’impact de la loi.
Un problème politique majeur
Initialement saluée pour son ambition, notamment avec l’objectif de mettre fin au plastique à usage unique d’ici 2040, la loi Agec peine à concrétiser ses promesses. Les ONG critiquent un lobbying intensif de la part des industriels, un manque de contrôles, de sanctions et de moyens, qui ont permis aux entreprises de contourner les objectifs de la loi.
Un exemple frappant de cette dérive est un décret adopté mi-2023, qui introduit 29 exemptions à l’interdiction d’emballages plastiques pour certains fruits et légumes. Par ailleurs, malgré l’interdiction officielle des gobelets et sacs plastiques à usage unique, leur disponibilité à l’achat reste élevée, révélant l’insuffisance des mesures de contrôle.
Un terrible manque de moyen
On constate aussi une baisse significative des moyens alloués à la Direction de la répression des fraudes (DGCCRF), avec une réduction de 911 agents en quinze ans. Malgré quelques avancées positives, comme la généralisation des éco-cups dans les festivals, l’abolition des pailles en plastique et des gobelets en polystyrène expansé, les ONG estiment que la loi n’a pas réussi à encourager un changement de paradigme vers une société plus sobre.
Elles appellent à la création d’une instance de contrôle indépendante et exigent des entreprises qu’elles mettent en place des plans de prévention d’écoconception obligatoires. Face à l’augmentation des déchets ménagers depuis 2010, ces organisations réclament une révision de la loi Agec, dans l’espoir d’atteindre l’objectif de réduction de 15 % des déchets d’ici 2030. Il y a encore des progrès à faire…