L’urgence environnementale, climatique et sociétale s’impose aujourd’hui à tous. C’est pourquoi il faut réagir pour protéger la planète et ses habitants. Et la finance à un rôle à jouer dans la réponse à apporter à ces grands enjeux contemporains. C’est tout l’objet des obligations vertes, sociales et durables, qui soutiennent financièrement les projets ayant une influence positive sur l’environnement ou la société.
En 2007, le GIEC a publié une étude établissant un lien entre les activités humaines et le réchauffement climatique. Face à ce constat, la Banque européenne d’investissement et la Banque mondiale ont émis leurs premières obligations vertes. Objectif : répondre par la finance et le marché obligataire aux grands enjeux environnementaux et sociétaux contemporains.
On distingue dès lors trois types d’obligations : « vertes », « sociales » et « durables ». Destinées à financer des projets ou des activités vertueux pour l’environnement, les obligations vertes (green bonds) se concentrent sur des secteurs comme les énergies renouvelables, la construction de bâtiments écologiques, les transports peu polluants, la lutte contre la pollution ou encore la gestion de l’eau.
De leur côté, les obligations sociales (social bonds) soutiennent des projets et activités répondant à un enjeu social. On peut citer ceux luttant contre la pauvreté et les inégalités, ou qui agissent pour la parité, la diversité et l’inclusion sociale.
Enfin, les obligations durables (sustainable bonds) sont des obligations qui financent des projets alliant enjeux environnementaux et sociaux. Ces deux enjeux étant souvent connectés.
Si leur arrivée sur le marché est assez récente, ces trois obligations ont su rapidement se faire une place. 650 milliards de dollars d’obligation de ce type ont été levés l’année dernière, soit le double de ce qui avait été émis en 2013. D’après l’analyste financier Moody’s, ce marché atteindra les 1 350 milliards de dollars d’ici la fin de l’année.
« Si les obligations vertes dominent avec près de 60% des émissions en 2021, les obligations sociales et durables ont le vent en poupe, une dynamique sans doute en lien avec les enjeux sociaux qui ont été et sont encore au cœur de la crise sanitaire », précise Moody’s.
Une région du globe est aujourd’hui la numéro 1 mondiale des obligations vertes, sociales et durables : l’Europe. En effet, le vieux continent domine largement le marché, avec 56% des green bonds (contre 32% en 2017), 71% des social bonds et 60% des sustainable bonds émis en 2021.
La recette du succès ? L’intérêt grandissant des investisseurs (essentiellement institutionnels), les avancées réglementaires (dont le règlement SFDR – Sustainable Finance Disclosure Regulation) et l’engagement de la Commission européenne en la matière, bien décidée à devenir un leader de la finance durable. En octobre 2021, l’Union européenne a notamment émis son premier emprunt vert destiné à financer les entreprises européennes prônant la transition écologique.
On assiste donc à un développement de l’offre et de la demande des investisseurs pour ces obligations. Cette tendance ne s’explique toutefois pas seulement par la nature même de ces obligations, puisque ces dernières permettent aussi aux émetteurs de financer des projets capables de répondre aux grands enjeux environnementaux et sociaux d’aujourd’hui et de demain.
Il n’est donc pas surprenant de voir des grandes entreprises françaises se tourner vers ces obligations pour réaliser leurs projets. Le groupe La Poste a par exemple lancé début septembre sa première émission obligataire durable afin de financer ses projets RSE. Souscrite plus de 2,4 fois, cette opération rassemblant plus de 130 investisseurs français, européens et internationaux a permis de lever 1,2 milliard d’euros.
« La Poste, entreprise pionnière et exemplaire en termes de responsabilité sociétale, a encore une fois ouvert la voie à l’innovation et au développement à impact, qui seront financés à l’aide de cette levée de fonds inédite dans le secteur. Les projets à bénéfices sociaux retenus, quant à eux, viseront à rendre accessibles des services essentiels, favoriseront l’insertion professionnelle des jeunes et des handicapés et encourageront la création et le développement de l’emploi », indique le groupe français dans un communiqué.
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