Si le projet de rénovation de la gare d’Austerlitz à Paris fait l’objet de critiques de la part de certains élus écologistes, il semble pourtant que le projet soit particulièrement performant tant d’un point de vue social qu’environnemental.
D’ici quelques mois, le quartier autour de la gare d’Austerlitz sera profondément transformé. Et pour cause : le projet de rénovation de la zone est de grande ampleur. Outre la rénovation de la gare elle-même et de l’ensemble de ses accès voyageurs, tout son environnement, aujourd’hui enclavé et vieillissant, va être transformé pour créer, autour de 2.5 hectares d’espace verts, des logements, une résidence étudiante, des bureaux et des commerces.
Les zones publiques ouvertes aux voyageurs et aux habitants du quartier vont passer d’environ 8 150 m² aujourd’hui à près de 16 000 m² au terme du projet, auxquels s’ajouteront les 8 000 m² correspondant à l’extension d’un jardin public, le square Marie Curie.
Les nouveaux immeubles qui seront réalisés composeront un nouveau quartier animé côté gare et plus résidentiel coté Salpêtrière. Les circulations seront redéfinies pour désengorger les axes routiers, et les espaces de verdure existants seront donc non seulement préservés, mais largement agrandis et prolongés, puisque le projet est conçu pour concilier nature et bâti, avec pour ambition le respect de l’impératif de lutte contre le réchauffement climatique et le développement de la biodiversité sur le site.
Des commerces et services seront également implantés dans la gare et en pied d’immeuble, ainsi qu’un hôtel, mais aussi – c’est moins commun – une ferme urbaine, une centrale photovoltaïque, un rooftop accessible au public ou encore plus de 2000 places vélos…. En somme, la toute nouvelle version de la gare d’Austerlitz promet d’être fonctionnelle et d’apporter de la vie, de la nature et des services axés sur l’écologie et l’humain.
Une réaction paradoxale de la fédération locale d’europe écologie les verts
Le projet a pourtant des opposants. Contre toute attente, c’est par exemple le cas d’un collectif d’associations, composé de FNE Paris, Les Amis de la Terre, les inCOPruptibles et SOS Paris.
Le collectif décrie le projet sous plusieurs angles. Il dénonce par exemple un risque d’isolement des commerces déjà existants dans le quartier…
Les associations estiment aussi que les changements envisagés, avec de nouvelles rues piétonnes, et en particulier une voie reliant le Boulevard de l’Hôpital et le quai d’Austerlitz, congestionneront encore davantage les abords de la gare et le quartier tout entier…
La section locale parisienne d’EELV a même fait du sujet un de ses nouveaux chevaux de bataille. Elle dénonce les « seulement 500 m² de nature crées contre les 52 000 m² de bureaux et 24 000 m² de commerces ». Les mesures prises qui permettront l’extension des surfaces végétalisées initiales de 1 100 m² à 20 000 m² (si l’on ne prend pas en compte la partie existante du square Marie curie et de 4 600 m² à près de 2,5 hectares en la prenant en compte) ne semble pas avoir convaincu les militants Pas d’allusion non plus au quelques 400 arbres sur la surface du projet, qui participeront au développement de la biodiversité …
Un projet environnemental de redynamisation du quartier
Pourtant, à y bien regarder, le projet de la réhabilitation de la gare d’Austerlitz répond largement à ce que le mouvement écologiste appelle de ses vœux dans ces diverses prises de position générale…
En effet, le projet prévoit, par exemple, 222 logements sociaux dont 81 pour les étudiants et jeunes actifs, ce qui répond à une demande – réelle – souvent relayée par EELV et qui rejoint les prises de position des écologistes parisiens en faveur de la production de nouveaux logements sociaux dans la capitale …
Ce projet devrait par ailleurs permettre de soutenir le développement du trafic ferroviaire, offrant ainsi aux travailleurs qui effectuent des trajets pendulaires entre Paris et la banlieue de moins recourir à leurs véhicules personnels, au profit du train et des transports en communs ou des nouvelles solutions de mobilité, telle que le vélo partagé. Avec pour objectif de désengorgement des axes routiers et une réduction de la pollution. Autant de points qui font partie du programme habituellement défendu par la mouvance écologiste.
Ce projet d’envergure a également été pensé pour atteindre à terme la neutralité carbone, s’inscrivant ainsi dans le plan climat de la ville de Paris. Les bâtiments répondront aux normes écologiques les plus exigeantes avec une isolation renforcée, et visant à terme l’autarcie énergétique, notamment grâce aux panneaux solaires et à la géothermie…
Enfin, et cela répond à une véritable problématique parisienne, les travaux menés participeront à la désimperméabilisation de 12 000 m² de surface au sol, principalement au niveau du square Marie Curie, square dont la surface sera triplée…
La campagne menée par EELV et le collectif d’associations a donc de quoi surprendre. Et même de quoi interroger sur les mobiles qui la sous-tendent…
Car, en effet, sans angélisme et en admettant que le projet ne soit certainement pas absolument parfait (on peut assurément imaginer que sur un projet de cette envergure quelques belles idées ont dû être sacrifiées à des arbitrages économiques…) il semble quand même très contre-productif que ses indéniables qualités écologiques et sociales ne soient pas au moins reconnues par ceux-même qui devraient en être les défenseurs, c’est-à-dire le mouvement écologiste…
De là à imaginer, à quelques mois des régionales, que ce sont des enjeux politiques qui régissent ces prises de positions, même au prix d’empêcher des projets qui répondent à leurs exigences… il n’y a, hélas, qu’un pas.