On nous répète à l’envi que la déforestation est une catastrophe à l’échelle planétaire aussi bien que locale. Les forêts sont les poumons de la planète et une chance pour l’humanité… Aussi, dans ce contexte d’écoresponsabilité renforcée, certaines décisions des pouvoirs publics ont de quoi surprendre, voire révolter. C’est notamment le cas de la Corrèze, où le conseil départemental a décidé de mener la vie dure à plusieurs milliers d’arbres… tout simplement abattus sans la moindre plantation.
Une déforestation incroyable
Dernièrement, dans le département de la Corrèze (19), on parlait de 10 000 arbres déjà abattus dans le cadre d’un programme départemental d’« élagage ». Vidéos et images se succèdent dans la presse, à la télévision et sur la toile. D’aucuns parlent d’un véritable « massacre à la tronçonneuse », et cela se comprend au vu de l’importance des chiffres donnés. Comment peut-on, à notre époque, en arriver à une déforestation arbitraire d’une telle ampleur ? Eh bien, les intentions semblent louables en apparence… Si Macron a promis le très haut débit partout en France, le conseil départemental corrézien a pris les devants en installant la fibre optique. S’y ajoute une vaste réfection du réseau routier local. Mais les travaux ne sont vraiment pas faits dans la dentelle, comme le montre cette vidéo :
Tout a commencé au mois de septembre 2017. L’opération doit durer jusqu’en 2021, conformément à une lettre adressée à quasiment 30 000 propriétaires ayant des arbres le long des départementales. Des spécimens quelquefois centenaires sont abattus, notamment des hêtres, des chênes et des bouleaux. Clairement, et c’est une évidence, le paysage local – notamment au bord des routes – se retrouve parfois changé du tout au tout. Pour les passants, cela est plutôt écœurant. Sans surprise, la mobilisation et la fronde commencent à poindre.
Les contestations enflent
Le « massacre des arbres » corréziens est pris très au sérieux par certains habitants. Vendredi dernier à Paris, le ministre Nicolas Hulot s’est vu remettre un courrier à ce sujet. L’individu qui a servi d’intermédiaire est arrivé dans le 7e arrondissement depuis la Corrèze… à vélo ! Le but était bien évidemment de médiatiser l’événement pour interpeller les gens des métropoles sur le sort forestier d’une province reculée dont on ne parle pas beaucoup ni souvent en ville. De nombreux Corréziens sont vraiment en colère contre leurs autorités territoriales, comme l’illustre ce reportage de la chaîne de télévision France 3 Nouvelle-Aquitaine :
De fait, des Corréziens décrivent les paysages jouxtant désormais leurs propriétés. L’un évoque « une zone de combat avec des troncs coupés à un mètre de hauteur ». D’autres font part de « forestiers peu scrupuleux » s’offrant des primes en élaguant un peu plus que prévu. Une pétition lancée il y a un peu plus de deux mois approche les 30 000 signatures. Des associations de juristes se sont également emparées de l’affaire et le conseil départemental ou ses représentants pourraient avoir de sérieux ennuis juridiques. Il est incroyable de devoir en arriver là lorsqu’on parle désormais d’écologie à tout bout de champ !
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