La France s’est lancée dans l’énergie nucléaire dès les débuts de la Ve République. Qu’ils évoquent l’indépendance énergétique ou la rentabilisation d’installations coûteuses, beaucoup trouvent des arguments en faveur du nucléaire, que d’aucuns considèrent même comme une énergie propre. Ou, du moins, plus propre que le charbon, le gaz, le pétrole… Pourtant, la question des déchets nucléaires est bien réelle et loin d’être anodine. Elle suscite nombre d’inquiétudes, surtout lorsque l’enfouissement a lieu près de chez nous.
Des déchets qui prennent toujours plus de place
La population française croît, sa consommation électrique augmente et les réacteurs nucléaires français tournent toujours. Les déchets nucléaires ne se décomposent pas comme un vulgaire bout de papier, et ils sont enfouis sur des sites dédiés, généralement à 500 m sous terre. Nombre d’opposants n’y voient que du cache-misère ou de la politique de l’autruche. La radioactivité de ces déchets est estimée à 100 000 années. Sans surprise, les courants écologistes y voient un magnifique cadeau pour les générations à venir… La question de la sortie du nucléaire est pourtant toujours envisageable :
Récemment, des zadistes ont été vigoureusement expulsés de la forêt de Lejuc dans la Meuse (commune de Bure), à un endroit où des déchets réactifs sont censés être enterrés. Il s’agit en l’occurrence du projet Cigéo. Mais ce n’est pas un cas isolé, et de nouveaux sites devront toujours être trouvés par la suite, à moins d’exporter ces déchets nucléaires vers l’étranger… Une affaire à suivre.
Un débat à ouvrir
Sébastien Lecornu, secrétaire d’État à la Transition écologique et bras droit de Nicolas Hulot, s’est félicité de l’expulsion des zadistes de Bure la veille de son arrivée sur les lieux. Il a évoqué à leur encontre des « méthodes délinquantes », alors qu’il était censé les rencontrer. Son désir est d’instrumentaliser ces faits pour donner une mauvaise image des opposants à l’enfouissement des déchets radioactifs produits par les centrales nucléaires françaises. Voici une vidéo montrant la réalité de l’évacuation du bois de Lejuc :
Le membre du gouvernement en a profité pour annoncer un grand « débat national » à l’automne 2018 sur le sujet de la gestion des déchets du nucléaire. Un portail numérique dédié sera mis en place par l’Andra (Agence nationale pour la gestion des déchets radioactifs), l’ASN (Autorité de sûreté nucléaire) et l’IRSN (Institut de radioprotection et de sûreté nucléaire).
Ainsi, l’objectif gouvernemental est de travailler l’opinion publique de façon à la convaincre du bien-fondé de l’enfouissement profond, comme aux États-Unis ou en Finlande. En réalité, le ministère de la Transition écologique a avoué ne pas avoir « de plan B », l’État français semblant empêtré dans le nucléaire. Sébastien Lecornu a parlé de « moins mauvaise solution ». Mais il faut dire qu’il n’habite pas sur place… C’est un étonnant aveu qui en dit long. Comme quoi, il faut toujours réfléchir avant d’agir et tourner sept fois sa langue dans sa bouche avant de parler. Ce bon vieux précepte semble valoir aussi bien pour les particuliers que pour les gouvernements !