Eurostat est l’organisme statistique par excellence à l’échelle de l’Europe. Ce dernier continent jouit d’un climat tempéré, mais avec des hivers très rigoureux vers le nord (influence polaire) et l’est (climat continental). Face aux coûts du chauffage, les inégalités sont terribles, et une part importante des populations européennes souffre du froid hivernal.
Des États où l’on souffre du froid
Certaines données sont alarmantes. D’après Eurostat, 8,75 % des Européens sont financièrement incapables de chauffer convenablement leur domicile en hiver. Il ne s’agit que d’une moyenne, recouvrant des réalités très différentes et de profondes inégalités.
Dans quelques pays, c’est plus d’un quart voire d’un tiers de la population qui souffre du froid hivernal. Il s’agit de 39 % en Bulgarie, et de 29 % en Lituanie ainsi qu’en Grèce. Ce dernier État jouit en grande partie d’un climat méditerranéen, mais ses montagnes produisent des hivers rigoureux. C’est aussi la crise économique et financière qui place de nombreux foyers dans l’impossibilité de se chauffer. Les analystes parlent souvent de « précarité énergétique », pour la France également :
Suivent l’île de Chypre (24 %), le Portugal pourtant océanique et tempéré (22 %) et l’Italie (16 %). Il s’agit heureusement de contrées aux hivers relativement doux. Mais plus le temps passera, et plus il sera difficile d’acheter du fioul, du gaz, du bois ou des kWh d’électricité pour se chauffer. L’augmentation des tarifs et taxes afférentes est généralement beaucoup plus rapide que celle des subventions de travaux d’isolation ou de rénovation que les plus modestes sont loin d’avoir les moyens d’effectuer. La transition énergétique n’est qu’une vaine expression à leurs oreilles.
Les pays où l’on se chauffe mieux
Les personnes mal chauffées l’hiver dépassent de peu la moyenne continentale en Roumanie (14 %), en Serbie (13 %), en Lettonie (11 %), en Espagne (10 %), en Croatie et en Hongrie (9 %). Mais un dixième de la population, quand on y réfléchit, c’est déjà beaucoup.
On change clairement d’échelle avec la Pologne, Malte (7 %), la Royaume-Uni (6 %), l’Irlande et la Slovaquie (5,5 %). En tête de tableau, nous trouvons des États riches aux économies prospères quoique parfois très taxées. Ce sont la Slovénie, la France, la Belgique (5 %), l’Allemagne, la Tchéquie (4 %), le Danemark, l’Estonie, l’Autriche, les Pays-Bas, la Suède (3 %), le Luxembourg et la Finlande (2 %). La Norvège n’est qu’à 1 %, tandis que la Suisse culmine à 0,5 % malgré son climat montagnard !
Il faut bien se figurer que ces derniers chiffres en apparence dérisoires cachent en réalité des souffrances accrues d’autant. Lorsque plus de 95 % de la population a de quoi se chauffer décemment, les autres sont souvent plongés dans la misère la plus absolue et dans la marginalisation. On voit que si on a la chance d’être bien au chaud, c’est loin d’être le cas de tout le monde…