Donner son corps à la science n’est pas une décision forcément facile à prendre, surtout quand on ne connaît pas les avantages et les contraintes de celle-ci.
Alors qu’il existe de nombreuses façons, plus ou moins surprenantes, de traiter les cadavres dans les pays du monde, il n’y a que deux manières de s’occuper des morts en France. Entre incinération et inhumation, le choix n’est pas forcément facile et cela ne satisfait pas toujours tout le monde.
Pour ceux qui souhaitent devenir utiles même après leur mort, il est possible de donner son corps à la science. Dans cet article, nous allons essayer de répondre à un certain nombre de questions que vous pouvez vous poser à ce sujet. Que faut-il prendre en compte avant de prendre une telle décision ? Quelles sont les conditions ? Que faut-il faire ? Et surtout, en quoi cela consiste exactement ?
Votre corps favorise l’avancée en médecine
Pour devenir un bon médecin, un étudiant doit forcément passer par la théorie mais aussi par la pratique. Or, pour les apprentis il n’est pas possible de réaliser des soins ou des opérations difficiles sur de vrais patients, car ce serait un risque inutile.
Le don de son corps sert donc de terrain d’entraînement pour les novices avant de passer sur des personnes vivantes. C’est également utile pour réaliser certaines avancées dans le monde scientifique d’où l’importance d’effectuer cette démarche.
Une technique d’apprentissage qui vient de loin
Pour arriver à un tel niveau de connaissance du corps humain, il a bien fallu l’analyser à travers toutes ses coutures (le cerveau, les organes digestifs ou reproducteurs, le cœur, la peau, les vaisseaux, les cellules…) Pour se faire, dès le plus jeune âge de l’humanité des hommes et des femmes se sont penchés sur les cadavres afin de découvrir les secrets de notre organisme.
Au Moyen-Âge, les scientifiques étaient souvent condamnés car ils récupéraient des corps de défunts dans les cimetières afin de pouvoir réaliser des expériences sur ceux-ci: certains ont pu nous apporter d’incroyables croquis et informations grâce à cela.
Jusque dans les années 1960, les écoles de médecine bénéficiaient de cadavres non réclamés par leurs proches ou de condamnés à mort. Désormais comme cette peine est abolie et que les dépouilles abandonnées se font rares, le don de son corps à la science s’est mis en place.
Faire la démarche auprès d’un centre de don
Pour pouvoir donner son corps à la science, il faut faire la démarche auprès d’un centre afin d’obtenir sa carte de donneur. Pour cela, il faut réaliser une demande manuscrite présentant votre déclaration, la date et votre signature puis l’envoyer dans une faculté de médecine (un CHU: centre hospitalier universitaire). Des pièces justificatives seront demandées par la suite, comme une fiche de renseignements complétée, une fiche de confirmation du don ou encore la photocopie recto/verso de votre titre d’identité.
Ensuite, la carte de donneur doit être conservée sur soi car, au moment du décès, le corps ne sera transféré à la faculté que sur présentation de l’original de cette carte.
Le don de son corps est quelque chose qu’il ne faut pas prendre à la légère. De plus, sachez que la démarche est payante dans la plupart des instituts: les frais varient selon les centres et certains sont même gratuits, il est donc primordial de se renseigner. Il est bien sûr possible de faire marche arrière si finalement vous changez d’avis. Pour cela il faut contacter le lieu où la demande a été effectuée pour les prévenir et déchirer votre carte.
Certaines conditions ne sont pas acceptables
En principe, ce choix n’exige pas de conditions particulières (hormis le fait d’être consentant et d’avoir plus de 18 ans), pourtant il y a certaines exceptions qui peuvent provoquer le refus de votre corps dans un centre. Cela concerne la cause du décès (maladie contagieuse, suicide, accident de voiture), le lieu de la mort (si c’est à l’étranger ce n’est pas possible), et la durée de transport (inférieure à 48 heures).
Où est placé le corps après les expériences ?
Une fois que votre dépouille a subi toutes les opérations nécessaires, elle est transformée en cendres de façon anonyme. Vos proches ne récupèrent pas votre corps, ce qui peut être difficile pour eux. Vos cendres peuvent toutefois être rendues, mais seulement si vous le précisez dans la démarche. Si ce n’est pas le cas, elles seront dispersées dans un « jardin du souvenir ».
Comment faire comprendre sa décision ?
Toute personne majeure a le droit de faire ce choix même si son entourage n’est pas forcément d’accord avec elle. C’est une décision personnelle qui ne concerne que l’individu et non sa famille: il faut faire comprendre à ses proches les raisons qui vous pousse à faire ce don car il peut être difficile pour eux de faire leur deuil sans une cérémonie (incinération ou enterrement).
Il faut savoir que le don de son corps à la science est une démarche différente du don d’organes. Dans le premier cas, votre dépouille est livrée à un centre de médecine en intégralité, alors que dans le deuxième cas, il y a seulement prélèvement de vos organes afin de les réimplanter chez un patient en attente de greffe: une façon de sauver des vies.
Crédit photo principale : Capture d’écran YouTube
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