Malgré une régression, notre ère technologique compte encore des millions d’affamés à travers le monde. Un désastre humain qui pourrait être évité.
Alors que sur une partie du globe, on gaspille et mange plus qu’il n’en faut et que le nombre de personnes obèses et de décès liés à la suralimentation augmente fatalement, de l’autre, des populations entières meurent de faim. Un peu plus de 10% de la population mondiale souffre de famine, principalement dans les pays en développement, ce qui représente 795 millions d’individus aujourd’hui contre 1 milliard dans les années 90.
Si de nombreuses actions sont menées pour lutter contre de la faim, les chiffres diminuent bien trop lentement. Comment expliquer qu’au XXI ème siècle, à l’heure des technologies les plus perfectionnées, ce fléau moyenâgeux puisse encore sévir ? Décryptage.
Insécurité alimentaire: le risque sanitaire mondial le plus important
Chaque jour dans le monde, 25.000 personnes meurent de causes liées à la faim, soit un peu plus de 1000 personnes par heure, parmi lesquelles bon nombre d’enfants. Plus mortelle que n’importe quelle épidémie, la sous-nutrition chronique cause de graves problèmes de santé en raison des carences en vitamines et minéraux qui en découlent: retards de croissance, retards intellectuels, déficience du système immunitaire, maladies et pathologies diverses (cécité, béribéri, anémie, kwashiorkor, scorbut, rachitisme…).
D’après le dernier constat de la FAO en 2015, c’est en Afrique subsaharienne et en Asie du Sud que l’on retrouve la plus grande concentration de personnes sous-alimentées (25% de la population en Afrique subsaharienne). Le paradoxe, c’est que 9 millions de personnes ont encore faim dans les pays industrialisés, contre 25 millions dans les pays en phase de transition.
Le 3 mars s’est achevée la 34ème Conférence régionale de la FAO pour l’Amérique latine et les Caraïbes, régions du globe les plus marquées par la décrue de la famine ces dernières années.
Des causes économiques, sociales et politiques
Notre production de nourriture pourrait rassasier 12 milliards d’être humains, alors que nous ne sommes que 7 milliards. Les ressources de la planète sont donc largement suffisantes pour enrayer ce phénomène.
Si l’on évoque facilement le coût élevé des aliments, la croissance démographique, l’inégalité des ressources naturelles, le gaspillage alimentaire, les catastrophes naturelles ou encore les changements climatiques pour justifier la faim dans ce monde d’abondance, la raison est aussi (pour ne pas dire avant tout) politique et économique: désir de suprématie, répartition inégale des richesses, mauvais contrôle des ressources naturelles (terres surexploitées par les multinationales, eau utilisée à l’excès, pollution des sols par les engrais chimiques et les pesticides…), sans oublier la privatisation du vivant (cf vidéo ci-dessous).
Citons aussi le problème d’accès à l’eau potable, qui concerne plus d’un million de personnes, ainsi que les conflits armés et leur cortège de populations déplacées massives. La crise migratoire en Europe est un exemple plus que d’actualité.
L’une des clés ? Favoriser le soutien de l’agriculture locale
L’agriculture est un moyen de subsistance, mais elle est aussi synonyme d’emplois et de revenus, d’où l’importance d’aider au développement des petites exploitations agricoles. Pour faire reculer le problème de la faim, il est nécessaire d’opter pour des politiques agricoles et alimentaires durables, cohérentes, raisonnables et sans intérêts propres (en l’occurrence financiers), qui soient en phase avec l’écosystème et axées sur les régions les plus touchées par la pauvreté. Et si cela commençait par la souveraineté alimentaire des populations sur leurs territoires ?
À noter enfin que le secteur agricole est marqué par une disparité évidente entre hommes et femmes. Si les agricultrices avaient accès aux ressources de manière égalitaire, on compterait jusqu’à 150 millions d’affamés en moins.
Durant les 4 minutes qu’il vous aura fallu pour lire cet article, 66 personnes sont mortes de faim à travers le globe… Un chiffre qui donne tristement à réfléchir !
Crédit photo principale : Flickr – Feed My Starving Children (FMSC)