Un illustre chercheur australien dénonce certaines pratiques homéopathiques, qui seraient inefficaces dans de nombreuses maladies.
L’homéopathie est probablement l’une des médecines alternatives les plus répandues. Vieille de plus de deux siècles, elle n’a pas cessé de susciter le débat sur son efficacité. C’est pourquoi des chercheurs australiens ont réalisé une étude pour tenter de trancher sur la question. Et les résultats sont plutôt sévères: aucun traitement homéopathique ne fonctionne mieux qu’un placebo selon l’étude, dont l’intérêt est relancé depuis quelques jours. Explication.
Une « impasse thérapeutique » selon un chercheur
Tout commence par une étude dévoilée en mars 2015, menée par le professeur Paul Glasziou pour l’université Bond, en Australie. Cette étude, qui porte sur 68 maladies et près de 176 tests de traitements homéopathiques, ne fait pas dans le détail: aucun traitement pour ces 68 maladies ne fonctionne mieux qu’un placebo. Une conclusion qui n’est en soi pas étonnante, tant elle rejoint celles de précédentes études.
Cependant, l’intérêt pour cette étude est relancé depuis quelques jours suite à un billet du professeur Glasziou dans le British Medical Journal, où il dénonce notamment les dangers potentiels de l’homéopathie. Parmi ses remarques, l’une d’elles retient notamment l’attention: « J’ai été surpris par le nombre de maladies dans lesquelles l’homéopathie était testée, comme l’arthrose, les inflammations cutanées ou buccales après une chimiothérapie, ou encore l’infection au VIH. Ce qui m’a le plus choqué, c’est que des organisations fassent la promotion de l’homéopathie pour des maladies infectieuses en Afrique comme le Sida ou la malaria. »
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Il poursuit son propos en rappelant notamment ce que le Conseil national australien de la santé et la recherche médicale (NHMRC) préconise concernant l’homéopathie: « Ceux qui choisissent d’avoir recours à l’homéopathie peuvent mettre leur santé en danger s’ils rejettent ou diffèrent la prise de traitements qui ont montré leur efficacité et leur sécurité. »
La mise en garde du chercheur est évidente: l’homéopathie n’est pas seulement inefficace dans de nombreuses maladies, elle est aussi potentiellement dangereuse pour ceux qui voient en elle une alternative viable aux traitements conventionnels. Plus inquiétant encore, des organisations en font la promotion dans des zones où les conditions de santé des populations est particulièrement préoccupante.
Une polémique de plus sur l’homéopathie
La question de la place de l’homéopathie dans l’arsenal médical est ainsi relancée. Loin d’être inédit, ce questionnement autour de cette pratique demeure un casse-tête pour le corps médical et, par extension, pour les autorités publiques. En 2005, une étude publiée dans la revue The Lancet concluait aux mêmes résultats: l’homéopathie n’apporte rien de plus qu’un effet placebo dans le meilleur des cas.
En France, il n’est pas inintéressant de savoir que l’homéopathie est très répandue. Dans une enquête Ipsos de 2012 pour les laboratoires Boiron, 56% des sondés déclarent avoir eu recours à un traitement homéopathique, un chiffre en nette progression par rapport à 2010, avec une augmentation de 13 points. Plus intéressant encore, le recours à l’homéopathie concerne surtout les femmes, et près de 36% des sondé(e)s déclarent y recourir régulièrement.
En France, plusieurs scandales autour de traitements homéopathiques se sont déjà produits. Parmi l’un d’eux, il faut citer notamment la polémique autour de l’Oscillococcinum, des laboratoires Boiron, spécialisés dans les traitements homéopathiques. Ce traitement, censé prévenir « les états grippaux », est apparu au début du XXe siècle à partir de l’idée qu’une bactérie nommée « l’oscillocoque » serait responsable de la grippe. Or, l’existence de cette bactérie n’a jamais été démontrée, en plus du fait que la grippe est due à un virus. Malgré tout, le produit est toujours en vente et demeure l’un des plus vendus en France, en dépit de la critique de son inutilité.
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