Tourisme, pétrole, trafic naval… De nombreuses menaces pèsent sur la Grande Bleue, d’après un rapport publié par WWF.
Imaginez que plus du tiers de la Méditerranée soit couvert de plateformes pétrolières ou gazières. Impossible diriez-vous ? C’est pourtant ce qu’affirme WWF dans une étude publiée le 19 janvier. L’objet du rapport: le sombre avenir de la mer Méditerranée.
La Méditerranée, un futur grand bassin pétrolier ?
L’étude, nommée « MedTrends », a pour ambitieux objectif d’analyser l’évolution de 10 secteurs économiques maritimes (tourisme, pêche, aquaculture, transport maritime, énergie, etc.) et d’évaluer les conséquences d’ici à 2030.
Et la conclusion est plutôt sévère: 200 millions de touristes supplémentaires, 5000 km de littoraux artificiels supplémentaires en 2025, une augmentation de la production d’aquaculture de 112 % d’ici 2030… Seuls deux points positifs ressortent de l’étude: une légère baisse de la pollution d’origine terrestre (comme les eaux usées ou les déchets) et un léger recul de la pêche professionnelle.
Mais un point encore plus inquiétant est à souligner: la multiplication par cinq de l’exploitation d’hydrocarbures dans le bassin méditerranéen. « Le développement du nombre de contrats hydrocarbures offshore est très rapide. 40% de la Méditerranée sont potentiellement ouverts à l’exploration d’hydrocarbures » selon Pascal Canfin, directeur général du WWF France. « C’est énorme, surtout lorsque l’on connaît les risques sismiques de la région. »
Selon le WWF, cette prévision pessimiste repose en grande partie sur l’absence de programme destiné à préserver la Méditerranée des activités humaines. Faisant craindre alors le pire pour la biodiversité marine, l’étude met également en garde face aux risques de tensions géopolitiques liés à l’exploitation pétrolière et gazière.
Un changement de cap possible pour le WWF
Cependant, l’étude suggère plusieurs solutions pour enrayer le phénomène et éviter le burn-out de la Grande Bleue.
En premier lieu, l’interruption totale de toute nouvelle exploration des fonds marins à la recherche de pétrole est suggérée. Une solution qui serait cohérente avec les accords de la COP 21 à Paris d’après une tribune de Pascal Canfin dans Alternatives Economiques. Mais cette solution ne serait qu’une étape afin d’initier la « planification stratégique des activités économiques en Méditerranée ». En d’autres termes, encadrer le développement des activités comme la pêche ou le tourisme.
Plus concrètement, l’étude suggère un ensemble de mesures pour réduire l’impact de l’Homme sur la mer Méditerranée: réduire le trafic naval dans certaines zones clés, encadrer la pêche professionnelle ou encore favoriser les énergies renouvelables et réduire la dépendance aux hydrocarbures. Des mesures déjà connues, mais qui tardent à être appliquées.
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