Ni pollution, ni pétrole, ni pesticide. Inspirée d’un modèle de production traditionnel, la permaculture prône l’autosuffisance et le respect de l’environnement. Ce modèle est-il viable face à une production massive ?
Inventée en 1978 par les Australiens Bill Mollison et David Holmgren, la permaculture tend à recréer la diversité présente dans la nature en concevant des installations en harmonie avec les écosystèmes. Alors que la France est le premier utilisateur de pesticides en Europe, certains luttent contre ce modèle polluant, comme dans la ferme du Bec-Hellouin dans l’Eure.
Une éthique: « prendre soin de la terre, des gens et partager équitablement »
Entre un poulailler pour faire augmenter naturellement la température ou une mare de grenouilles pour lutter contre les limaces, des stratagèmes naturels sont employés pour favoriser la création d’un environnement durable et productif. Pour preuve, à la ferme du Bec-Hellouin, des poulaillers ont été placés près des vergers pour faire fertiliser le sol et permettre aux animaux de se nourrir des vers présents naturellement dans la terre.
Des techniques traditionnelles
La permaculture est basée sur des techniques variées et anciennes à la portée de tous. Basée sur une philosophie concrète, tous les petits gestes comptent. Pour preuve, bouturer un figuier est très simple, il suffit de couper une jeune pouce que l’on plante dans un pot recouvert de plastique et le tour est joué.
La traction animale permet de se passer de tracteurs afin de réduire la consommation d’énergies fossiles. Autre principe fondamental, la diversité. La monoculture, qui favorise la prolifération de maladies est à bannir. Avec un simple mélange de trois espèces, tous les arbres ne seront pas touchés en cas d’invasion parasitaire.
Autre technique, l’agroforesterie, qui consiste à planter des cultures sous les arbres pour lutter contre l’érosion et favoriser le développement serein des plantes, alors protégés du vent.
Un modèle rentable ?
C’est la question que se sont posée les chercheurs de l’institut Sylva et l’unité de recherche SADAPT (INRA-AgroParisTech) en réalisant une étude de décembre 2011 à mars 2015 à la ferme du Bec-Hellouin. Le but, savoir si l’exploitation d’une surface de 1000 m² permettait d’assurer un revenu décent à une personne.
33.000 euros en 2013, 57.000 euros en 2014: cette hausse du chiffre d’affaires s’explique par la progression technique des maraîchers et l’augmentation des périodes de production. La conclusion est sans appel : « Il est possible de produire de façon importante sur une petite surface maraîchère cultivée essentiellement à la main et de dégager ainsi un bénéfice suffisant pour assurer un revenu correct à une personne ayant un statut agricole ». La microferme serait même un « modèle économique réaliste ».
Un tout écologique
La ferme fait partie d’un « tout écologique », avertissent les chercheurs. Il faut prendre en compte les rivières et les mares environnantes qui favorisent un microclimat compatible avec la production maraîchère ou encore le fumier du club hippique voisin, source d’engrais naturel.
Crédit photo: Flickr – hardworkinghippy
Comme en témoigne le co-fondateur de la ferme, « s’il est possible de produire sensiblement autant de légumes sur 1000 m² que sur un hectare, cela libère de l’espace agricole qui peut être consacré à planter des arbres fruitiers, des haies, élever des animaux, installer des mares pour l’irrigation et l’aquaculture, des ruches, un éco-habitat pour le paysan. Ceci permet d’imaginer des micro fermes qui couvrent l’ensemble de leurs besoins en matière organique et sont donc résilientes et autonomes. »
La permaculture semble être un rêve réalisable.
Repéré sur Geo – Crédit photo principale : Flickr – hardworkinghippy
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