Le dégagement d’odeurs corporelles particulières peut être un signe de mauvaise santé, celles-ci étant intimement liées à des substances organiques nommées cytokines, détectables par l’homme.
Vitale pour de nombreuses espèces, l’olfaction est un sens qui permet de capter les odeurs environnantes, mais pas seulement ! Dans notre ère, les artifices ne manquent pas pour nous aider à camoufler nos émanations corporelles ou notre haleine parfois peu avenantes. Mais parfois, le corps reprend ses droits.
Les odeurs sont originellement liées à une hygiène inadéquate, à l’alimentation, à une prédisposition génétique ou encore à une hyperactivité des glandes apocrines, auxquels cas elles sont qualifiées de « primaires ». Elles peuvent aussi être la conséquence d’une maladie et sont alors appelées « odeurs secondaires ». Différentes études, dont l’une des dernières en date est suédoise, ont déjà prouvé que le développement de certaines molécules provoque une forte odeur que l’être humain peut discerner, notamment dans la sueur.
Plus récemment, le témoignage d’une femme écossaise en lien avec la maladie de Parkinson a donné à réfléchir aux scientifiques. Des capacités olfactives qui ne sont pas données à tout le monde, puisqu’elles dépendent de la sensibilité de chacun mais aussi et surtout du type de maladie associé.
En cause, des molécules odorantes: les cytokines
Ce phénomène est lié aux cytokines, des molécules polypeptidiques qui agissent comme des biomarqueurs volatiles. Elles interviennent dans le contrôle des activités neuroendocriniennes et on les retrouve au cours de nombreuses réactions inflammatoires. Les maladies auto-immunes présentent également une sécrétion anormale de cytokines, comme c’est le cas pour la maladie de Crohn, la rectocolite hémorragique ou encore le syndrome de fatigue chronique, auparavant considéré comme une maladie psychologique. Ainsi, plus la production de cytokine (et donc la réaction immunitaire) est forte, plus les émanations sont prononcées.
Une odeur propre à chaque pathologie
Quatre cents ans avant J.C., Hippocrate mettait déjà en évidence que la présence d’une maladie rectifiait les odeurs d’une personne. De l’haleine à la peau, en passant par l’urine, il est vrai que les médecins avaient autrefois pour habitude de poser un diagnostic sur ce principe.
De nos jours, certaines certitudes ont été établies, montrant entre autres que l’urine d’une personne atteinte d’infection urinaire dégage une odeur fruitée ou sucrée ou que la sueur des schizophrènes est vinaigrée. Les insuffisants hépatiques dégagent pour leur part une odeur d’ammoniaque, les diabétiques en état d’hypoglycémie une odeur d’acétone et les tuberculeux une odeur de bière. L’halitose peut aussi être la conséquence de problèmes gastro-intestinaux.
Si certaines effluves sont suffisamment fortes pour être détectées par un proche ou par le personnel soignant, d’autres en revanche sont trop subtiles pour le nez humain, mais elles restent évidentes pour les chiens. Il a par exemple été démontré qu’ils sont capables de flairer un cancer lorsqu’ils sont dressés en ce sens. Rien d’étonnant lorsque l’on sait que leur truffe abrite en moyenne 200 millions de cellules olfactives et que leur odorat est au moins 10.000 fois plus puissant que le nôtre !
Par ailleurs, des tests d’haleine existent déjà, et des nez électroniques (ou e-nez) ont également été mis au point, d’autres plus performants étant en cours d’élaboration. En attendant une avancée technologique majeure, si vous êtes inquiets à propos de votre santé, n’hésitez donc pas à faire appel à l’odorat de vos proches sans bien sûr exclure un diagnostic médical approfondi.
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