Au nom de la « recherche scientifique », le Japon prend la décision de reprendre la chasse à la baleine dans l’Antarctique.
Dure semaine pour les baleines: alors qu’on vient d’apprendre que plus de 300 baleines se sont échouées en Patagonie, le Japon s’est attiré de vives critiques de la part d’autres pays et groupes de conservation, après avoir annoncé qu’il reprenait ses activités de chasse à la baleine dans l’océan Antarctique, sous prétexte de collecter des « données scientifiques ».
Dans de nouveaux documents soumis à la Commission baleinière internationale (CBI), Joji Morishita, commissaire de la CBI pour le Japon, a déclaré que son pays allait débuter un nouveau programme de chasse à la baleine dans l’océan Antarctique, dans le but d’attraper 333 baleines de Minke par an à compter de début 2016. Ceci représente un tiers de la quantité d’animaux capturés chaque année dans le précédent programme de chasse à la baleine du Japon dans cette région.
« Afin d’assurer la conservation des ressources de l’Antarctique, tout en poursuivant leur utilisation durable et de comprendre et prédire les effets de facteurs tels que le changement climatique, il est scientifiquement impératif d’obtenir une compréhension exacte de nombreux aspects de l’écosystème marin de l’Antarctique, y compris ses animaux et leur dynamique grâce à la collecte, l’accumulation et l’analyse des données scientifiques », précise le plan de recherche (lien en anglais) de chasse à la baleine du Japon.
Le Japon reprend la chasse à la baleine "à des fins scientifiques" https://t.co/9CunLKncf5
— euronews en français (@euronewsfr) 1 Décembre 2015
Les précédentes opérations de chasse du Japon dans l’océan Antarctique avaient pris fin après une décision rendue par la Cour internationale de Justice (CIJ) en mars 2014. Le Japon avait affirmé que sa chasse à la baleine dans la région était justifiée par des raisons de recherche en vertu de la Convention internationale de 1946 pour la réglementation de la chasse, mais le tribunal en avait jugé autrement, constatant que la somme de ses résultats de recherche en presque une décennie (seulement deux études basées sur la recherche sur les neuf spécimens de baleines) était en fort décalage avec la quantité d’animaux abattus.
« Nous n’acceptons pas, en aucune manière ou forme, le concept de tuer des baleines pour de soi-disant « recherches scientifiques », » a déclaré Greg Hunt, Ministre australien de l’environnement. « Le Japon ne peut pas décider unilatéralement s’il a traité adéquatement la question scientifique. Il n’y a pas besoin de tuer des baleines au nom de la recherche. Les techniques de recherche non létales sont la méthode la plus efficace et efficiente pour l’étude de tous les cétacés ».
Reprise de la chasse à la baleine dans le sanctuaire baleinier de l'océan Austral #Antarctique
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— ruth Ⓥ (@VgHist) 30 Novembre 2015
S’exprimant dans le Japan Times, Jeff Kingston, historien du Japon basé à Tokyo, a déclaré que cette chasse à la baleine bafoue l’état de droit et va avoir des répercussions dramatiques sur l’image du Japon auprès de la communauté internationale.
« Les partisans de la chasse à la baleine au gouvernement japonais justifient ce massacre pour des raisons culturelles et culinaires, mais en harponnant les baleines, ils harponnent la réputation du Japon par la même occasion. Deux panels d’experts ont examiné les prétendues recherches scientifiques au nom de la chasse à la baleine et ont conclu qu’’il n’y avait aucun argument pour justifier le massacre », écrit-il.
« En outre, en termes d’image publique mondiale du Japon, la chasse à la baleine est une mauvaise affaire. C’est un signal diplomatique qui influe négativement sur l’opinion publique en Europe, en Amérique du Nord et en Australie sur un programme qui se sert de l’argent des contribuables pour tuer quelque chose dont presque personne ne raffole, tout cela au nom d’une identité nationale que peu embrassent. »
À ce stade, on ne sait pas quelles pourraient être les éventuelles conséquences juridiques de la décision unilatérale du Japon de reprendre la chasse balénière, mais il est peu probable que nous ayons fini d’en entendre parler.
Crédit photo principale : Sea Shepherd