Chasse, braconnage, nature et traditions

Cecil le lion était comme une célébrité dans le parc national Hwange au Zimbabwe. Mais plus tôt ce mois-ci, toutefois, un riche dentiste américain du nom de Walter Palmer a payé environ 55.000$ pour avoir la chance de tuer l’animal, bien qu’il ait assuré ne pas être au fait de la notoriété et de la réputation de Cecil.

Cet acte ignoble a provoqué une vague de contestations et de réactions sur les médias sociaux, des centaines de milliers de personnes signant une pétition appelant à ce que l’assassin de Cecil soit traduit en justice, mais aussi que le gouvernement zimbabwéen cesse de délivrer des permis de chasse.

Mais quelle est la différence entre chasser et braconner un animal ?

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Crédit photo: Impression écran Youtube

Qu’est-ce que le braconnage?

La distinction cruciale à faire entre le braconnage et la chasse est où exactement chacune de ces pratiques se situe aux yeux de la loi. Pour dire les choses simplement, le braconnage est la chasse sans l’autorisation légale de la part du propriétaire des terres.

Chasser les lions n’est pas interdit en soi au Zimbabwe, et en fait dans de nombreux autres pays d’Afrique. La chasse est réglementée par le gouvernement, et les chasseurs doivent obtenir un permis les autorisant à tuer certains animaux. Les touristes qui désirent chasser dans le pays peuvent le faire. Le lieu où ils chassent et ce qu’ils chassent, et avec quel type d’arme ils le font, est tout l’objet de la réglementation.

Les étrangers chassant au Zimbabwe doivent être accompagnés par un chasseur professionnel agréé, et les tour-opérateurs qui vendent des forfaits de chasse (des « packages ») aux touristes sont réglementés par le gouvernement.

Une simple recherche sur Internet peut vous permettre de trouver des voyages de chasse « tout compris » dans les réserves de chasse zimbabwéennes pour environ 50.000 $ (45.600€), soit environ le montant que Walter Palmer affirme avoir payé pour chasser ce qui lui a valu sa honteuse réputation dans le monde.

Le dentiste qui s’est attiré la foudre de nombreux défenseurs des animaux au cours des derniers jours, a insisté sur le fait qu’il croyait que tout était en règle : « Je me suis appuyé sur l’expertise de mes guides professionnels locaux pour garantir la légalité de cette chasse », avant de tuer le lion Cecil.

Pourquoi les gens braconnent ?

Certains animaux, comme les éléphants et les rhinocéros, attirent les braconniers, car la vente de leurs défenses peuvent se révéler extrêmement lucrative. Plus tôt cette année, le président du Kenya, Uhuru Kenyatta, a mis le feu à une tas de 15 tonnes d’ivoire d’éléphant saisies, d’une valeur estimée de plus de 27 millions d’euros. Les défenses avaient été volées aux éléphants qui avaient été abattus sans motif par des criminels.

Les défenses d’éléphants et de rhinocéros sont régulièrement exportées vers l’Asie, où l’ivoire est utilisée pour fabriquer des objets d’ornement, et sert dans les médecines traditionnelles.

Cependant, pour certains, comme Walter Palmer, l’intérêt se trouve dans l’acte même de chasser. Le but est poser à côté du « trophée », comme la tête d’un lion, après avoir tué l’animal. Depuis qu’il a reconnu avoir tué Cecil, des photographies du chasseur avec les carcasses d’autres animaux ont été largement partagées en ligne.

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Crédit photo: Voir article

Il a exprimé le regret « profond que la poursuite d’une activité que j’aime et que je pratique de manière responsable ait résulté dans la mort de ce lion ». On estime que plus de 650 carcasses de lion « trophées » sont exportés de l’Afrique chaque année, pour finir empaillées sur le mur d’un salon.

Quel est l’impact du braconnage?

Le principal argument contre la chasse non autorisée est l’effet qu’elle a sur la population d’animaux vivant à l’état sauvage. Les protestations du monde entier quand un cas tel que le meurtre de Cecil le lion arrive sont accentuées par le fait que les braconniers ciblent souvent certaines des créatures les plus impressionnantes et les plus précieuses de la planète.

La Born Free Foundation estime qu’entre 30% et 50% de la population de lions d’Afrique a été anéantie au cours des deux dernières décennies. Seuls 32.000 subsistent à l’état sauvage.

Chasser peut-il avoir un impact positif?

Chasser le gros gibier dans son habitat naturel est sans aucun doute une perspective attrayante pour certains touristes, prêts à payer des dizaines de milliers de dollars.

Johnny Rodrigues, directeur de la mission de conservation animale du Zimbabwe, expliquait que la mort de Cecil le lion est une tragédie pour le pays. Sur plusieurs aspects : « juste avec le tourisme, il a rapporté entre 500.000 et 600.000 dollars dans toute sa vie ». De plus, il faut savoir que le lion Cecil était à la tête de son propre clan, dont les six lionceaux sont à présent menacés. « Le prochain mâle dominant va les tuer, pour encourager les lionnes à s’accoupler avec lui. C’est comme ça que ça marche, dans la nature. »

Il faut cependant, admettre que malheureusement, la chasse fait vivre beaucoup de gens dans ces pays, comme le Zimbabwe. L’argent versé par les chasseurs de gros gibier peut être utilisé pour la conservation, et emploie les habitants qui, autrement, auraient pu devenir des braconniers. Les animaux sauvages partagent les mêmes terres que les habitants, donc dans certains cas, les populations doivent être « restreintes » pour protéger les vies et le bétail.

Les chasseurs peuvent payer jusqu’à 50.000$ pour chasser un lion. Une famille zimbabwéenne de 10 personnes va gagner 1 à 3$ par an pour avoir autorisé la chasse sur leurs terres.

Selon Emmanuel Fundira, président de la Safari Operators Association of Zimbabwe, le tourisme, dont la chasse fait partie, contribue « à près de 15% du produit intérieur brut » au Zimbabwe.

Mais les détracteurs indiquent que, bien que le tourisme est un générateur de revenus clé dans la plupart des zones où la chasse est fréquente, moins de 0,5% du PIB du Zimbabwe provient de la chasse sportive, et que la population locale n’en profite à aucun moment.

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Jessica, journaliste aguerrie avec une solide expérience en gestion de projet et rédaction web, est diplômée de Sciences Po en Communication et Médias. Elle capte l'attention par des contenus précis et percutants, couvrant les évolutions médiatiques avec rigueur et clarté. Contact : [email protected].

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