Les fourmis ont aussi leurs propres vampires !
Imaginez quelqu’un ayant l’apparence d’un humain, se comportant comme un humain et communicant comme un humain qui se présente à vous. Tout semble aller pour le mieux dans le meilleur des mondes jusqu’à ce qu’il vous plante ses dents dans votre corps pour en extirper le maximum de sang. Vous pensez immédiatement à un vampire.
Et bien essayez d’imaginer à présent qu’il existe bel et bien ce genre de parasite, non pas chez l’Homme, mais chez les fourmis. Ce maître de l’illusion n’est autre qu’une espèce singulière de coléoptère. Récemment, des scientifiques ont découvert les étonnants moyens que ce parasite a développé pour vivre impunément sur le dos d’une fourmilière entière, comme le rapporte le New York Times.
Un parasite social qui se fond dans la masse
Ce petit coléoptère, nommé Paussus favieri, est capable de parasiter une colonie de fourmis dans son intégralité. Et pour se faire, il utilise de nombreux procédés, aussi bien pour assurer sa propre survie que pour s’y multiplier et infester la fourmilière, et ce dans un seul but : profiter sans cesse et de bien des manières de ses hôtes.
Commençons lorsque ces coléoptères n’en sont qu’au stade de larve. À peine pondus, les futurs parasites jouissent déjà de l’hospitalité crédule des fourmis en se faisant confondre avec des larves de fourmis. Ainsi, elles bénéficient de l’attention des ouvrières qui s’occupent d’entretenir le nid, attendant patiemment l’âge adulte.
Une fois venu le temps d’éclore, les jeunes coléoptères adultes continuent de jouir du confort de la fourmilière en bénéficiant toujours d’un entretien attentionné des fourmis. Mais puisque devenues adultes, ces gentilles bestioles peuvent enfin assouvir leurs besoins : plusieurs malheureuses ouvrières sont donc attrapées et leurs fluides corporels sont aspirés par l’indésirable invité.
Des techniques élaborées pour en profiter un maximum
Si le mode de fonctionnement était déjà connu des entomologistes jusqu’à maintenant, ces derniers ignoraient cependant comment le Paussus favieri était capable de tromper avec tant d’efficacité ses hôtes. De récentes découvertes ont permis de découvrir une fonction qui permet ce parasitage en règle: une capacité à communiquer étonnamment sophistiquée.
Une équipe de chercheurs dirigés par l’entomologiste Andrea Di Gulio, de l’université de Rome III, ont découvert dans de récentes recherches que les coléoptères étaient capables de communiquer avec les fourmis. Pour communiquer, bon nombre d’espèces de fourmis utilisent des frottements entre les pattes et l’abdomen pour produire des sons spécifiques selon le rôle qu’a une fourmi dans une colonie. Ainsi, une fourmi ouvrière émettra des sons qui lui sont propres par exemple.
Et il s’avère que les Paussus favieri ont les mêmes capacités. Pour parvenir à cette découverte, les scientifiques ont posé un microphone près d’un coléoptère capturé. Mais au lieu de s’attendre un son relativement simple, ils ont découvert, en plus de cette compétence, une variété de sons, capables d’être aussi bien entendus par une ouvrière que par la reine.
Suite à cette découverte, les scientifiques ont décidé d’enterrer un petit haut-parleur dans une chambre obstruée par du sable. Des fourmis ont ensuite été déposées à proximité pour observer leur réaction lorsque les sons du coléoptère furent émis. Dans un premier temps, les fourmis réagirent par curiosité, agitant leurs antennes comme lorsqu’elles communiquent entre elles. Puis rapidement, les ouvrières se mirent à creuser pour secourir ce qu’elles pensent être un semblable en difficulté.
Cette découverte pose ainsi une nouvelle façon de percevoir les parasites sociaux chez les insectes. Jusqu’à maintenant, ils étaient surtout considérés comme des nuisibles peu sophistiqués dont la seule fonction était de se nourrir de ses hôtes jusqu’à la mort de la colonie. Mais avec cette découverte, les chercheurs viennent de comprendre que ce parasite ne se contente pas de seulement profiter dans l’immédiat des ressources d’une fourmilière, mais qu’elle peut en détourner intégralement le fonctionnement pour ses propres besoins, que ce soit pour se nourrir, être protégé ou même pour bénéficier de l’intérêt de la reine.
Une découverte qui étonne également sur l’existence dans la nature d’êtres vivants doués de telles capacités et qui ressemble parfois curieusement au comportement de notre propre espèce.
Crédit photo principale : insect-foto