Il ne reste qu’un an de réserve d’eau à la Californie
C’est la quatrième année consécutive que la Californie fait face à une sécheresse « historique », et c’est de nouveau le cas depuis près d’un mois. La Californie se dessèche. Près de 80% du territoire de l’Etat est confronté à « une sécheresse exceptionnelle ». Début avril, le gouverneur de l’Etat, Jerry Brown, avait annoncé des mesures urgente pour réduire d’un quart la consommation d’eau. En Californie du Sud, l’eau devait être rationnée. Quinze jours plus tard, rien n’a changé. Les sols sont secs, la végétation n’arrive plus à survivre et les rivières se meurent. Le paysage californien est devenu celui d’un désert.
La Californie se dessèche, et plus vite qu’on ne le croit. Le Los Angeles Times rapporte que le mois de Janvier de cette année a été le plus sec jamais enregistré depuis 1895. Le niveau des eaux souterraines et le manteau neigeux sont également à un niveau historiquement bas et selon les satellites de la NASA, il manquait 42 kilomètres cubes d’eau (41 639 milliards de litres d’eau exactement) dans les bassins des fleuves Sacramento et San Joaquin, en décembre dernier.
Les rapports ont indiqué que, l’année dernière, la Californie avait environ deux ans de réserve d’eau restante, et l’épuisement de l’eau est tout juste à l’heure, car les estimations suggèrent à présent qu’il reste un an de réserve d’eau dans l’État côtier.
Les niveaux d’eau sont au plus haut dans la Marina Bidwell à Lake Oroville le 20 Juillet 2011. Puis très bas suite à la sécheresse au 19 août 2014. Crédit image: California Department of Water Resources / Getty Images via huffingtonpost.com
L’agriculture grandement responsable
Où est passée l’eau ? Posez la question aux agriculteurs. Près de deux tiers de l’eau souterraine a été pompée par les agriculteurs pour irriguer leurs cultures. L’agriculture californienne consomme 80% de l’eau en Californie, et ce gratuitement. De plus, cette consommation est sous-estimée, car ne sont pas pris en compte les prélèvements directs de l’agriculture dans les nappes phréatiques. Ils s’assèchent très vite et le sol se dessèche et s’enfonce. Dans Central Valley, par exemple, des zones s’enfoncent de 30 cm ou plus par an. Le gouverneur a malgré tout prévenu que les agriculteurs ne seraient pas astreints à l’objectif des 25% de réduction de consommation d’eau. Ils ont « déjà payé le plus lourd tribu à la sécheresse jusqu’à maintenant, avec des milliers d’hectares en jachère, des quantités d’eau disponibles déjà largement réduites et des milliers d’employés déjà licenciés » a déclaré Jerry Brown.
L’inefficacité des systèmes d’irrigation sont pointés du doigt. Par exemple, la simple production d’amandes, surnommées « l’or blanc de la Californie » consomme trois fois plus d’eau que l’ensemble de l’agglomération de Los Angeles, tandis que la production de pistaches consomme trois fois plus que l’agglomération de San Francisco.
Rien ne peut masquer les ravages de la sécheresse. La Californie manque cruellement d’eau. Il n’est plus question de faire de petits gestes comme ne plus arroser son gazon, mettre une bouteille en plastique pleine dans sa chasse d’eau pour réduire la consommation… à ce stade, le seul plan d’urgence semble être prier pour de la pluie.
Crédit photo: Daily Mail
Un espoir, infime soit-il
Pourtant, certains ont encore l’espoir que le problème soit résolu. Dans un article pour le Los Angeles Times, Jay Famiglietti, un chercheur de la Nasa spécialisé dans le cycle de l’eau et également professeur à l’université de Californie, propose les mesures suivantes pour sauver la Californie de ce désastre :
- accélérer la mise en oeuvre d’une loi qui exige la protection durable des eaux souterraines
- un groupe de travail public axé sur les solutions immédiates et de plus long terme,
- un rationnement obligatoire.
Jay Famiglietti estime également que le public devrait s’impliquer davantage. Comme le rapporte un article des Echos, un sondage publié en février a montré que 34% seulement des électeurs californiens sont en faveur d’une politique de rationnement obligatoire alors que 94% s’accordent à dire que la sécheresse est «grave». La majorité des répondants (61%) préfèrent les réductions volontaires que l’Etat encourage actuellement.
Une sécheresse économique, pas climatique
L’argument du changement climatique est souvent mis sur la table. Cependant, des changements permettraient de résoudre la pénurie d’eau, indépendamment du climat. La Californie pourrait notamment avoir besoin de réduire les usages agricoles les plus gaspilleurs d’eau. Il faudrait pour cela modifier un système institutionnel et le droit de propriété de facto des agriculteurs sur l’eau, et d’établir des prix à un niveau compatible avec la situation pour obtenir des améliorations réelles.
Pour aller plus loin (Sources) : France TV Info, Le Figaro, Europe 1, Les Echos