Boyan Slat et son projet « Ocean Clean-up », permettant de purger les océans des déchets plastiques est aujourd’hui en phase de test
Boyan Slat, un jeune néerlandais, a imaginé Ocean Clean-up, son projet de dernière année de lycée, lorsqu’il avait 16 ans. Il s’agit de concevoir une plateforme capable de nettoyer les mille milliards de déchets qui encombrent nos océans. Si cette idée révolutionnaire a submergé le Web ces deux dernières années, elle en est à présent dans sa partie la plus importante : sa phase de test dans l’environnement réel.
Le projet testé entre la Californie et Hawaï
Un premier dispositif de quelques dizaines de mètres va permettre de tester le concept pendant trois ans dans des conditions météo réelles entre les côtes d’Hawaï et la Californie. Si ces tests sont concluants, une structure de cent kilomètres de longueur sera installée d’ici à 2020. Boyan Slat estime que chaque gyre océanique pourrait être nettoyé dans un délai de 5 à 10 ans, et promet même un recyclage des déchets récoltés.
Plus de 2 millions de dollars de financement
Ces phases de test n’ont été rendues possible que grâce aux fonds levés pour le projet. Lancée en septembre 2014, sa campagne de crowdfunding a vu 38 615 personnes donner 2 154 282 de dollars à ce jour. Cet argent va donc servir à la phase pilote du projet, à savoir les tests en conditions réelles.
La partie la plus difficile du processus d’ingénierie du projet est la conception des barrières flottantes. En effet, ces larges panneaux seront plongés en profondeur et doivent tenir bon aux conditions extrêmes, tout en étant suffisamment souples pour résister aux mouvement des océans, ainsi qu’être sans danger pour la faune et la flore aquatique.
Fonctionnement du projet Ocean Clean-up
Le projet n’est pas aussi simple que d’attraper les déchets dans des filets, mais plutôt de les dévier en utilisant les courants marins vers des barrages flottants, ceux-ci étant auto-alimentés grâce au soleil et aux vagues. Cela permettrait au plancton de nager en dessous des structures tandis que les plus petits morceaux de plastique seraient capturés. Enfin, une fois les matières plastiques récupérées, la phase de recyclage serait alors lancée, permettant ainsi de rentabiliser ce projet, à hauteur de 500 millions de dollars.
Autrement dit, Boyan Slat propose de laisser les courants amener les déchets dans ses barrages flottants, au lieu d’utiliser de l’énergie pour se battre contre les courants marins. En effet, lorsque l’océanographe Charles Moore a découvert le vortex de déchets du Nord Pacifique, il a estimé qu’il faudrait 79 000 années pour tout nettoyer.
Ce que le projet du jeune étudiant Hollandais semble être capable de faire lorsque tout sera en place, c’est de nettoyer en dix ans presque la moitié des déchets présents dans le gyre du Pacifique Nord. Ce procédé serait donc 7 900 fois plus rapide que les méthodes traditionnelles tout en étant 33 fois moins cher.
Crédit – www.theoceancleanup.com
Un projet très contesté…
Un article paru dans Le Monde en avril 2013 titre Peut-on nettoyer les océans des déchets plastiques ? et souligne que d’autres initiatives pour éradiquer le plastique des océans sont à l’oeuvre depuis plusieurs années mais ne trouvent pas de résultats concluants à avancer.
Selon François Galgani, océanographe à l’Institut français de recherche pour l’exploitation de la mer (Ifremer), de tels projets s’avèrent davantage « symboliques » que profitables à l’environnement : « Cette pollution des gyres océaniques ne consiste pas en de gros amas de déchets, mais une multitude de micro-plastiques, d’un diamètre inférieur à 5 mm, en suspension à la surface ou jusqu’à 30 mètres de profondeur, et sur des étendues immenses et mouvantes. » (Source)
De son côté, Bruno Tassin, du Laboratoire eau environnement et systèmes urbains (LEESU), est plus enthousiaste au sujet du projet Ocean Clean-up et valide toute la partie description du problème, et indique que les références sont bonnes, et que les outils de simulations utilisés sont pertinents. Néanmoins, il nous met en garde : le projet ne traite qu’une infime partie du problème. Boyan Slat propose de nettoyer 140 tonnes de déchets dans l’océan, mais rien qu’en Europe, on en produit 25 millions par an… (Source)
Boyan Slat lui même avait prévenu début 2013 dans un tweet que « même si les premiers résultats apparaissent prometteurs et alors que l’équipe réalise d’importants progrès, nous n’avons pas eu, et n’avons toujours pas, l’intention de présenter ce concept comme une solution faisable alors que nous sommes toujours dans une phase d’investigation. »
Toujours selon Boyan Slat, 80% des déchets seraient des macro-déchets (plus de 2 cm), alors que nous avons vu au contraire qu’une majorité de micro-déchets prédominait, ressemblant à une « soupe de plastique », bien plus importante et difficile à nettoyer.
…mais très prometteur
Boyan Slat et une centaine de scientifiques et d’ingénieurs internationaux bénévoles veulent démontrer à tous leurs détracteurs qu’il est possible de débarrasser les océans de leurs déchets plastiques. Le concept qui est donc en phase de test pourrait redonner un second souffle aux océans. Mais Boyan Slat reste lucide, « les déchets plastiques ne sont qu’une partie du problème. Il y a également l’acidification, la surpêche, et ainsi de suite. Il faudrait également penser à un moyen pour empêcher les plastiques d’arriver dans l’eau. » (Source)
Une chose est sûre : si personne ne trouve de moyen et ne se bouge pour trouver une solution, les déchets continueront à s’amasser dans les océans, agrandissant ce l’on appellent déjà le 7ème continent.
Comment Boyan Slat a attiré l’attention mondiale sur ce défi environnemental ?
Tout à commencé il y a moins de 4 ans. Alors ado, Boyan se rend en Grèce pour des vacances et observe au cours de ses plongées en mer que l’on trouve plus de plastique dans l’eau qu’il n’y a de poissons. Deux ans plus tard, en 2012, il se lance dans d’intenses recherches pour trouver une solution à cette catastrophe écologique.
Son projet Ocean Clean-up se fait connaître par sa participation à une conférence TED à Delft (vidéo ci-dessous) en le présentant sous le titre « How the Oceans can Clean themselves » ou « Comment les océans peuvent se nettoyer eux-mêmes ».
Depuis, il est devenu le benjamin des « champions de la Terre » des Nations Unies et a abandonné ses études d’ingénierie spatiale à l’Université de Technologie de Delft, se consacrant à 100% dans le projet. Aujourd’hui, les résultats de son équipe autour du projet Ocean Clean-up sont a suivre de près. Nous aurons des retours d’ici 2017, date de la fin des trois années de tests lancés il y a tout juste quelques semaines.