D’ici 2050, un senior sur quatre sera exposé à des températures dangereuses pour sa santé, contre un sur sept en 2020, souligne une étude publiée dans Nature Communications.
Impact mondial du réchauffement climatique sur les seniors
Le réchauffement global des températures présente des risques majeurs pour la population mondiale, et les seniors ne font pas exception. Une récente étude publiée dans la revue Nature Communications révèle qu’à partir de 2050, une personne sur quatre âgée de plus de 69 ans sera exposée à des températures supérieures à 37,5°C au moins une partie de l’année. Ce chiffre, inquiétant, était d’une sur sept en 2020, et concerne donc 246 millions de personnes âgées supplémentaires.
Cette étude, conduite par Giacomo Falchetta du Centre Euro-Méditerranéen sur le Changement Climatique (CMCC), Deborah Carr de l’université de Boston et leurs collègues, a analysé l’exposition chronique à des températures élevées ainsi que la fréquence et l’intensité de l’exposition aiguë à des températures extrêmement élevées pour différents groupes d’âge à travers le monde.
Un double fardeau : démographie et climat
Deux facteurs principaux expliquent l’augmentation de l’exposition des seniors à des températures extrêmes. Premièrement, le vieillissement de la population mondiale. Selon les projections de l’ONU, le nombre de personnes âgées de plus de 60 ans devrait doubler pour atteindre près de 2,1 milliards en 2050. Deuxièmement, l’augmentation du réchauffement climatique accentuera l’intensité, la durée et la fréquence des vagues de chaleur. Ce double fardeau signifie que sans interventions adaptées, les seniors seront de plus en plus vulnérables.
L’afrique et l’asie en première ligne
Une inégalité géographique alarmante
Les personnes âgées vivant en Asie et en Afrique sont les plus exposées aux effets dévastateurs des températures élevées. Les auteurs de l’étude soulignent que malgré les nombreuses recherches démontrant les effets individuels de la chaleur extrême sur la santé et le risque de mortalité des seniors, l’exposition de cette même population à grande échelle reste largement sous-estimée.
L’Afrique et l’Asie sont des régions particulièrement vulnérables, non seulement en raison de leurs climats naturellement plus chauds, mais aussi en raison des structures sociales et économiques qui peinent à répondre aux besoins croissants des personnes âgées. Cette population est souvent confrontée à une capacité réduite de réguler sa température corporelle, un nombre croissant de comorbidités, et une prise de médicaments qui peuvent aggraver la déshydratation. En outre, les ressources économiques limitées et l’isolement social aggravent la situation.
Conséquences sur les services sociaux et de santé
Une demande accrue pour des interventions politiques
Les régions les plus touchées par le vieillissement de la population et l’augmentation des températures auront besoin de « nouvelles interventions politiques », selon les auteurs de l’étude. Cela englobe des besoins accrus en termes de services sociaux et de santé. Le rapport insiste sur l’urgence de mieux planifier les mesures d’adaptation face au changement climatique.
Entre autres, ces interventions pourraient inclure une infrastructure médicale améliorée pour gérer les maladies exacerbées par la chaleur, la construction de logements adaptés aux températures élevées et des programmes de sensibilisation pour aider les populations à s’adapter à ces nouvelles réalités climatiques.
Recherches antérieures et projections alarmantes
Il ne s’agit pas de la première alerte concernant l’impact du réchauffement climatique sur la santé des populations. En juin 2023, une étude du Lancet avait dressé la liste des pays où le réchauffement climatique ferait le plus de victimes, toutes catégories d’âge confondues. Elle soulignait le risque accru pour les pays du « Sud global ». De plus, un autre rapport paru dans la même revue indiquait que le nombre de décès dus à la chaleur extrême pourrait être multiplié par cinq d’ici 2050.
Quelle voie pour le futur ?
Face à ces constats, il est crucial de réfléchir aux actions à entreprendre pour protéger nos populations les plus vulnérables. Quels types de politiques publiques devons-nous adopter pour répondre efficacement aux défis climatiques et démographiques à venir ? Comment préparer nos infrastructures pour gérer ces bouleversements ? Les réponses à ces questions détermineront en grande partie l’ampleur des conséquences du réchauffement climatique sur nos sociétés au cours des prochaines décennies.