La « fast déco » s’empare du marché de l’ameublement, entraînant une hausse des déchets et une consommation accrue de bois. Cependant, la filière française peine à tirer profit de cet engouement. Une analyse approfondie de ce phénomène révèle des conséquences environnementales préoccupantes.
L’ascension de la « fast déco » et ses conséquences sur les déchets
Symbolisée par l’émergence de la « fast déco », la ruée vers la décoration intérieure a vu une augmentation significative ces dernières années. Le confinement a joué un rôle important dans ce développement spectaculaire, les gens cherchant à embellir leurs espaces de vie confinés. Ce mouvement, inspiré par le modèle de la « fast fashion », a cependant entraîné une augmentation considérable des déchets d’ameublement.
Selon un rapport de l’organisation Zero Waste France, que notre rédaction a consulté, les déchets liés à l’ameublement ont doublé entre 2014 et 2020. Ces chiffres sont d’autant plus alarmants que les ventes de meubles et objets de décoration ont presque doublé entre 2017 et 2022. Le nombre d’unités mis sur le marché est passé de 270 millions à plus de 500 millions, soit 17 éléments par foyer et par an.
Une consommation accrue de bois
L’augmentation de l’engouement pour la décoration intérieure a également conduit à une consommation accrue de bois. Que ce soit pour renouveler sa cuisine, acquérir des meubles de jardin ou simplement pour ajouter des touches décoratives à son intérieur, la demande en bois pour la fabrication de ces produits est élevée.
D’après nos calculs, la consommation de bois est telle que le géant suédois Ikea couperait un arbre toutes les 2 secondes pour répondre à la demande. Il y a quelques années seulement, un meuble en bois était un investissement à long terme, renouvelé tous les 15 ou 20 ans. Aujourd’hui, les tendances de la « fast déco » voient ces meubles être remplacés bien plus fréquemment.
L’impact sur l’industrie française de l’ameublement
Malgré cette frénésie pour la décoration d’intérieur, la filière française de l’ameublement ne semble pas tirer profit de cette tendance. En effet, l’industrie française a perdu un quart de ses effectifs en 15 ans.
Alors que les géants de la « fast fashion » comme Zara et H&M ont diversifié leur offre pour inclure des éléments de décoration d’intérieur, de nouveaux acteurs, notamment chinois comme Temu et Shein, sont venus concurrencer le marché. De son côté, Maisons du monde propose 3 000 nouvelles références par an. Ceci met en évidence les défis que la filière française devra relever pour rester compétitive.
Le constat est clair : la « fast déco » a non seulement des conséquences environnementales graves, mais elle met également en difficulté l’industrie française de l’ameublement. Quelles seront alors les stratégies adoptées par cette dernière pour faire face à ces nouveaux enjeux ?