Face à l’empreinte environnementale alarmante du plastique, de nouvelles solutions émergent. Des chercheurs américains ont pris une voie inédite en développant un « plastique vivant » englobant des bactéries dans sa composition, qui promet de fortement accélérer sa dégradation naturelle lorsqu’il atteint le stade de déchet.
Le plastique, un problème écologique loin d’être résolu
Au fil des années, le plastique a réussi à s’imposer comme un matériau versatile et quasi indispensable à nos sociétés modernes. Pourtant, sa production massive et son temps de dégradation quasiment infini font de lui un véritable fardeau pour l’environnement. Le plastique n’a de cesse de s’accumuler dans la nature, résultant en des montagnes de déchets dont les experts estiment qu’elles pourraient atteindre des milliers de milliards de tonnes d’ici la fin du siècle.
Une piste peu convaincante : les bioplastiques
Pour pallier ce défi environnemental, l’une des pistes envisagées a été celle des bioplastiques. Ces alternatives vertes sont soit produites à partir de biomasse (bioplastiques biosourcés), soit capables de se décomposer en éléments simples dans certaines conditions (bioplastiques biodégradables). Malheureusement, les bioplastiques n’ont pas su répondre à l’ampleur du problème. Beaucoup d’entre eux, notamment ceux présentés comme biodégradables, nécessitent des conditions si spécifiques de dégradation qu’ils se retrouvent aussi envahissants que leurs cousins issus de matières fossiles.
Naissance d’une idée innovante : le plastique vivant
Pas de panique pour autant : des chercheurs de l’université de Californie à San Diego ne se sont pas laissés décourager. Ils proposent une solution révolutionnaire en créant un plastique « vivant ». Ils ont ainsi réussi à intégrer dans le polyuréthane thermoplastique (TPU) – un plastique largement utilisé pour sa souplesse et sa résistance – des spores de « Bacillus subtilis », une bactérie sans danger pour les êtres humains et les animaux. Le résultat est un plastique qui, une fois en condition pour se dégrader, active les bactéries dormantes pour commencer un processus auto-dégradatif.
Un écocide capable de se décomposer tout seul
Pour tester le potentiel de ce nouveau plastique, l’équipe l’a placé dans un compost controlé à une température ambiante et une humidité relative de 50%. En l’espace de cinq courtes mois, le plastique s’est auto-dégradé à 90% sans qu’aucune intervention d’autres organismes ne soit requise. Le bonus ? Les spores de « Bacillus subtilis » se comportent comme des renforts structurant le TPU, à la manière des armatures dans le béton. De fait, le TPU bio et vivant est plus durable et extensible que la version conventionnelle.
La recherche sur ce plastique vivant n’en est qu’à ses balbutiements. Au-delà des tests de dégradation, les chercheurs ont pour ambition d’optimiser leur méthode en vue d’une production à l’échelle industrielle. Leur rêve ? Peut-être voir un jour chaque type de plastique muni de sa propre myriade de bactéries, prêtes à se déclencher au moment propice pour assurer une dégradation rapide et efficiente.
La question qui se pose désormais est : sommes-nous prêts à accueillir dans nos vies ces plastiques d’un genre nouveau ; à la fois inertes, vivants, et porteurs d’un immense espoir pour la résolution de la crise des déchets plastiques ?