La Cour des comptes européenne a récemment publié un rapport susceptible de remettre en question la réalisation de la fin des moteurs thermiques en Europe d’ici 2035.
Doutes sur l’atteinte de l’objectif zéro émission 2035
L’ambition de l’Union Européenne d’abolir les émissions de gaz à effet de serre d’ici 2035 se trouve face à un obstacle majeur. Selon la Cour des comptes européenne, trois conditions nécessaires pour atteindre cet objectif ne sont pas encore réunies. Ce verdict est tiré d’un rapport publié le 22 avril, émanant de cette instance indépendante de contrôle des finances de l’UE.
Lorsqu’on examine les raisons de cette conclusion pessimiste, on constate qu’elles sont principalement dûes à trois facteurs clés : la réduction insuffisante des émissions, le développement limité des carburants alternatifs et la dépendance marquée aux importations pour le déploiement des véhicules électriques.
Echec de la réduction des émissions de CO2
En premier lieu, la réduction des émissions de CO2 des voitures à moteur thermique est largement insatisfaisante. Nonobstant l’entrée en vigueur, depuis 11 ans, du premier règlement sur le sujet, la Cour des comptes européenne constate que les émissions se sont réellement atténuées seulement à partir de 2020. Nikolaos Milionis, l’un des auteurs du rapport, indique qu’ malgré des ambitions fortes et des exigences strictes, les voitures thermiques actuelles émettent toujours autant de CO2 qu’il y a 12 ans.
Développement insuffisant des carburants alternatifs
La Cour des comptes pointe du doigt un autre « échec » : le manque de progrès sur le front des carburants alternatifs. En effet, la quantité de carburants disponibles, leur coût et leurs impacts environnementaux s’avèrent problématiques. Que ce soit les biocarburants, les carburants de synthèse ou l’hydrogène, il n’existe pas une feuille de route claire pour surmonter ces défis à long terme.
Dépendance aux importations et lacunes en matière de batteries
La troisième voie problématique concerne le développement des véhicules électriques en Europe. L’UE doit améliorer significativement sa compétitivité, notamment en matière de fabrication de batteries. Selon le même rapport, l’industrie européenne des batteries est à la traîne malgré les aides publiques importantes, en ne représentant que 10% de la capacité de production mondiale, dominée largement par la Chine à 76%.
Afonso De Castro Malheiro, l’un des auteurs du rapport, a souligné la dépendance extrême de l’Europe aux importations de ressources en provenance de pays tiers. Il a également relevé des risques géopolitiques pour l’autonomie stratégique de l’Europe avec ces pays n’ayant pas d’accords commerciaux satisfaisants ou présentant des risques géopolitiques.
Ainsi, l’Europe importe 87% de son lithium brut d’Australie, 80% de son manganèse d’Afrique du Sud et du Gabon, 68% de son cobalt de la République démocratique du Congo et 40% de son graphite de Chine.
Face à ces différentes contraintes, comment l’Europe peut-elle réussir à tenir son engagement d’ici 2035? La réponse à cette question nécessite sans aucun doute une action soutenue et multidimensionnelle de toutes les parties prenantes. Mais cette ambition est-elle seulement réalisable?