La Suède est l’un des rares pays au monde à s’offrir le privilège d’acheter des déchets domestiques !
La Suède est décidément un pays de paradoxes. En France il est impensable de savoir combien gagne par mois votre ami, encore moins votre voisin d’immeuble… En Suède, un document officiel liste dans une grille les revenus de tous les habitants du pays, jusque dans les joutes du pouvoir dirigeant.
En France encore, les retraites sont traitées au cas par cas en fonction de l’activité que vous exerciez avant 60 ans et des revenus que celle-ci générait, en Suède, les retraites sont plafonnées, tout le monde gagne le même montant mensuel au troisième âge. Toujours dans la même lancée, alors que les pays amis et ses voisins européens font tout pour se débarrasser de leurs déchets dorénavant, la Suède manque tellement d’ordures qu’elle en achète autour d’elle, notamment en Norvège…
Un maître dans l’art de la gestion des déchets
Le titre pourrait prêter à confusion, mais la Suède est un pays pionnier dans la gestion active des déchets. D’année en année, le Royaume Scandinave a progressivement amoindri son emprunte carbone, en profitant à chaque fois pour réduire massivement la quantité de déchets émis par ses habitants.
La machine fonctionne si bien et les déchets sont devenus si rares en Suède que depuis 5 ans, le pays importe des déchets de chez ses voisins et amis. Pourquoi la Suède importe-t-elle des déchets ? Tout est expliqué par le positionnement énergétique du pays, qui entend devenir l’un des premiers au monde à être énergétiquement indépendant par le biais de l’énergie produite par la biomasse.
La Suède, c’est avant tout le champion de la gestion des déchets
En 2012, en Suède, seuls 4% des ordures domestiques finissaient à la décharge contre 1% en 2014. C’est un exploit, comparé à la France, où les poubelles craquent littéralement sous le poids des ordures.
Ajouté à cela, parmi les déchets non jetés dans les décharges, 36% étaient il y a cinq ans recyclés, 14% transformés en compost pour un usage à type d’engrais dans les champs (oui la Suède est également un pays agricole), et tenez-vous bien, 49% des déchets produits par les ménages suédois étaient incinérés pour faire tourner les centrales thermiques et générer de l’électricité.
La Suède a si bien optimisé son système de production énergétique par déchets domestiques qu’elle s’est vite retrouvée face à une pénurie de matière première (les déchets) pour continuer à faire fonctionner au même rythme ses centrales thermiques. En effet, il est important de savoir que l’énergie produite par ses centrales thermiques alimente 250.000 habitations en électricité et 810.000 foyers en chauffage.
Comment faire pour remédier à ce problème ? Inciter les ménages à produire encore plus de déchets ? Non, la Suède a choisi au contraire une autre solution, celle d’aider les voisins à se débarrasser de leurs trop pleins d’ordures : la Suède rachète les déchets des pays l’entourant.
La Suède pionnière du rachat de déchets
Pour éviter à ses centrales thermiques de manquer de matière première, la Suède depuis 2015 a rehaussé le seuil de déchets qu’elle importe. Cette année-là, le pays importait 1,3 million de tonnes d’ordures, et ce chiffre est appelé selon les autorités à monter à 2020, à 2,3 millions de tonnes de déchets.
Et la gestion des produits d’incinération alors ?
La Suède affirme avoir pensé à tout, puisque depuis 1980 le pays a instauré une réglementation stricte en termes de limitation des émissions. Le résultat est assez parlant, puisque depuis lors ces émissions nocives ont été réduites de 90%. Dans le détail, le chlorure d’hydrogène (HCI) un gaz incolore toxique et hautement corrosif, est ainsi passé de 8400 tonnes émises dans le pays chaque année en 1985 à 60 tonnes en 2007. Les oxydes de soufre (SOx), responsables des pluies acides, ont aussi été considérablement réduits, soit à 196 tonnes contre 3400 auparavant; de même que le plomb dont les émissions ont été carrément annihilées de 25.000 tonnes à 51 aujourd’hui.
Du coup, les centrales thermiques suédoises n’émettent que très peu de produits nocifs aujourd’hui, ce qui est une bonne nouvelle pour ses populations et la planète, et un exemple à suivre pour ses voisins.
Tout le monde y gagne au final
Deux pays approvisionnent principalement la Suède en déchets, il s’agit de la Norvège, et du Royaume-Uni. Ces deux nations expliquent leur choix de vendre les ordures à la Suède par le fait que l’incinération des déchets serait plus coûteuse que leur vente. Ainsi, la Norvège et le Royaume-Uni y gagnent en réduisant la quantité de déchets à gérer par les autorités, la Suède évite produit de l’énergie à moindre frais…
Et même la planète y trouve son compte, puisque les dioxines et métaux lourds présents dans les cendres après incinération sont renvoyés vers le pays d’origine des déchets. Ils y sont ensuite traités puis transformés en d’autres composés dérivés, réutilisés dans les industries pour produire de nouveaux matériaux.
On se demande à quand un système si bien huilé de production d’énergie verte sera mis en place en France… Ce n’est en tous cas pas gagné avec les candidats à la Présidence de cette année, empêtrés dans les scandales les plus fous les uns que les autres…
Alors que toutes les entreprises et collectivités du monde essaient de se débarrasser de leurs déchets, c’est impressionnant qu’un pays aussi discret comme la Suède puisse donner une telle leçon écologique aux énergivores.
Ceci est une très belle leçon en particulier pour des pays qui ne comptent que sur leurs richesses naturelles, qui, du reste, sont appelées à s’épuiser un jour. D’autres pays devraient s’en inspirer. Félicitations.