D’ici quelques années, l’ananas pourrait bien mettre une tannée à l’industrie du cuir pour en finir avec ce textile polluant : zoom sur le piñatex.
Et s’il existait une alternative au cuir ? S’il était possible dorénavant de s’habiller ou de porter des accessoires avec une matière qui aurait toutes les qualités du cuir sans en être pour autant ? C’est le cas du Piñatex, une matière qui trouve sa source dans l’ananas. Explications.
Qu’est-ce que le Piñatex ?
C’est un textile très fin, solide et innovant, une matière non tissée qui est constituée de longues fibres comme on en trouve dans le feutre par exemple. Le Piñatex a cette singularité de posséder des fibres provenant de feuilles d’ananas qui sont prélevées avant que les cultivateurs ne cueillent le fruit.
Crédit photo: Wikimedia – hiyori13
Le Piñatex ressemble beaucoup au cuir et, à ce titre, il peut être teint, traité, imprimé pour donner diverses textures et avoir des épaisseurs différentes en fonction du produit fini souhaité.
Tandis que les feuilles de l’ananas sont transformées en matière textile, ce qui reste des matières végétales est transformé en biogaz et en engrais organique pour les agriculteurs.
On estime que pour produire 1 m² de Piñatex, il est nécessaire de récolter 480 feuilles, soit 16 ananas. Aujourd’hui, après plus de 10 ans de recherche sur le Piñatex, il est possible de mettre au point des chaussures, des sacs, et des chapeaux en fibres d’ananas.
D’où vient le Piñatex ?
Le Piñatex (piña est le mot espagnol pour ananas) a été créé par Carmen Hijosa, qui a travaillé comme consultante dans l’industrie des articles de cuir aux Philippines dans les années 1990. Lors des mariages et des événements formels aux Philippines, les hommes portent souvent le Barong Tagalog, un vêtement brodé fin et transparent porté par dessus une chemise.
L’un des matériaux les plus surprenants utilisés dans sa fabrication sont des fibres de feuilles d’ananas. Carmen Hijosa n’a pas été impressionnée par la qualité des produits fabriqués et a commencé à chercher des solutions de rechange. Ce fut la solidité et la finesse des fibres de feuilles d’ananas utilisées pour le Barong Tagalog qui l’ont d’abord convaincu qu’il y avait une autre option que le cuir.
Un produit qui se développe bien
Le prix du Piñatex est environ de 23 euros le mètre carré actuellement alors que le prix moyen du cuir oscille entre 25 et 38 euros le mètre carré, voire jusqu’à 120€ s’il s’agit de cuir de très haute qualité.
L’autre avantage de ce produit qui fait de plus en plus sensation est que les déchets produits ne représentent que 5% de toute la matière première alors que pour le cuir, c’est environ le quart de la matière, lesquels déchets représentent un coût non-négligeable, notamment à cause du procédé de tannage au chrome qui est la technique la plus utilisée pour le cuir main aussi la plus polluante (et nocive pour la santé).
Une alternative d’avenir
Aujourd’hui, il existe plus d’une centaine de marques qui recherchent des textiles durables et c’est à ce niveau que le Piñatex intervient comme une solution viable et durable pour l’avenir.
En somme, le Piñatex s’avère être une excellente alternative au cuir pour les quatre raisons qui suivent :
- Il est éco-durable,
- Sa production minimise véritablement les impacts environnementaux,
- Il n’y a pas besoin d’extension de culture et cela favorise le travail des cultivateurs,
- Les déchets générés représentent une infime part de la matière première.
À l’heure actuelle, Carmen Hijosa a déjà réussi à faire signer des marques comme Camper et Puma qui ont utilisé ce nouveau matériau pour confectionner leurs textiles et chaussures. « Piñatex » étant le nom de la marque, de nombreux produits sont déjà en vente, de la coque de protection pour smartphone au sac à main, en passant par le siège de voiture.
La société estime que d’ici 2018, près de 1 million de mètres carrés de Piñatex seront vendus chaque année.