Déjà 150 jours passés sans se servir du pétrole, du charbon, ni même du nucléaire ou autre source d’énergie non renouvelable. Le Costa Rica entre dans l’histoire !
Les énergies renouvelables ont le vent en poupe en ce moment. Le monde est en ébullition, et la vague du propre gagne peu à peu les cœurs. Pionniers du milieu, Solar Impulse 2 l’avion solaire, Tesla Motors et ses bolides arrachant le bitume par la puissance de l’électrique, ou Volkswagen, qui prépare une révolution. Alors qu’en France (et un peu partout en Europe) l’on peine à adopter ces énergies dites propres à grande échelle, certaines nations moins bien loties que la nôtre, moins bien nanties financièrement que l’Hexagone, rivalisent de majesté avec les prouesses technologiques dans le domaine de l’écologie en général, et des énergies nouvelles en particulier.
C’est le cas du Costa Rica, ce petit pays perdu au beau milieu du Pacifique, et qui fout la honte à de grandes puissances riches et prospères. Tenez-vous bien, le pays d’Amérique du Sud vient de battre son propre record en passant la barre des 150 jours (dont 76 jours consécutifs, du 16 juin au 2 septembre) sans utiliser d’énergie fossile sur son territoire depuis le début de l’année.
Un pays en avance sur son temps
Le Costa Rica est ce petit pays de 5 millions d’habitants (comparable à l’Irlande ou presque la Suisse) couvrant une superficie totale de 51.100 km² et perdu au beau milieu de l’Océan Pacifique. Niché entre le Panama et le Nicaragua, le pays n’en est pas à son premier coup d’essai, et donne une sérieuse leçon de gestion environnementale aux grandes puissances, qui boudent encore la signature du traité de résolution de la COP21.
Crédit photo: Flickr – John
L’année dernière déjà, Costa Rica annonçait avoir réussi à produire 98,4% de son énergie totale grâce à des sources d’énergie non polluante. Réussissant à passer 285 jours sans utiliser d’énergie fossile, la production du pays se répartissait en fonction de la source énergétique comme suit : 74,6 % provenant de l’hydroélectrique, 12,9 % de la géothermie, 10,3 % de l’éolien, 0,89 % de la biomasse, 0,01 % du solaire et 1,3 % énergies fossiles. Le Costa Rica s’était dès lors lancé un défi, celui d’effacer l’empreinte carbone de ses sites de production d’énergie domestique en 2016.
Le défi semble avoir été relevé par les autorités publiques, qui annonçaient il y a peu avoir réussi à couvrir les besoins énergétiques entiers du pays pendant 150 jours sans avoir à recourir aux sources d’énergies conventionnelles.
A quoi doit-on cette prouesse ?
Le Costa Rica est un pays situé dans la zone tropicale, et jouit de ce fait d’excellents atouts naturels, aussi bien hydriques que miniers et naturels. Si le pays entendait cette année de faire l’impasse sur ses minerais (charbon et autres) pour ce qui concerne la production énergétique, elle a tout misé sur un arsenal assez conséquent lui apportant jusqu’à 2 885 MW de capacité installée totale, alors que les besoins de la population ne sont en réalité que de 1 632 MW.
En somme outre le fait de produire propre, le Costa Rica revend une partie de son énergie à ses voisins les plus proches. Le Costa Rica doit principalement cette prouesse à la diversification de ses sources énergétiques, qui ne se contentent plus comme dans certains pays, de faire tourner les turbines des barrages à eau. Le Costa Rica touche à peu près à tout dans le vert, notamment l’éolien, avec la ferme à éoliennes situé à 2 400 mètres d’altitude sur la cime du Montecristo (où les vents atteignent des vitesses de plus de 100 km/h), au nord-ouest du pays, mais ce n’est pas tout.
En effet, le Costa Rica jouit d’un potentiel hydrique peu commun. Principalement illustré par le lac Arenal, dont le barrage éponyme stocke plus de 2,5 millions de mètres cubes d’eau. Ce barrage représente de par sa capacité de stockage, la plus grande réserve d’eau artificielle d’Amérique centrale. C’est ce barrage qui apporte l’essentiel de la production énergétique du pays, géré par trois centrales hydroélectriques, situées sur 1 500 mètres de dénivelé.
Plus au Nord, à 70 km de Tilaran, se dressent majestueusement cinq colonnes d’où s’échappent les fumées blanches du champ géothermique de Miravalles, qui puise son énergie propre de la chaleur et la vapeur calorifique dégagées par l’eau chauffée par le volcan éponyme, donc le flanc abrite la station de contrôle de la centrale géothermique. Cette centrale produit environ 163,5 MW d’électricité.
Crédit photo: Wikimedia – Shmuel Spiegelman
Outre l’éolien, l’hydroélectrique et la géothermie, le Costa Rica tire également son potentiel énergétique vert de l’immense centrale solaire Miravalles III, qui abrite sur 22.000 m² et quelque 4300 panneaux photovoltaïques.
Tout cet arsenal produit de l’énergie qui est acheminée vers les foyers, et dont la distribution est assurée par le Centre de contrôle de l’énergie (Cence), situé à San José, la capitale.
Un avenir luxuriant et résolument « vert »
Outre ses prouesses en 2015 et 2016, le Costa Rica n’entend pas se reposer sur ses lauriers. Le pays outre le fait de disposer d’ores et déjà de neuf parcs éoliens, prévoit d’en construire huit autres d’ici à 2017. De plus, le Costa Rica entend lancer prochainement des politiques très avant-gardistes pour pousser les habitants à migrer vers le tout électrique, espérant devenir la première nation neutre en CO2 à l’horizon 2021.
Le pays peut également compter sur un nouvelle centrale hydraulique encore en cours de construction, celle de Reventazon, dont le barrage culminant à 130 mètres de hauteur, est capable de stocker jusqu’à 118 millions de mètres cubes d’eau.
Outre l’énergie propre, il faut protéger la nature
Et c’est bien ce que compte faire le Costa Rica, dont les pouvoirs publics et les ONG ont lancé un vaste plan de lutte contre la déforestation. Pour mesure incitative, le pays a voté en 1996, une loi forestière octroyant une allocation pour services environnementaux de 64 dollars US par an et par hectare de bois préservé aux propriétaires terriens.
Crédit photo: Kevin Casper
« L’idée est de dissuader les propriétaires de couper leurs arbres en rendant la gestion forestière rentable », explique Felipe Carazo, Directeur de Fundecor, une ONG implantée depuis 1989 et luttant contre la destruction des forêts costariciennes. À ce jour, 40.000 hectares de forêts ont pu être sauvés par Fundecor et la déforestation est passée de 6 % à 2 % en vingt ans.
La place de la France dans tout ça
Second dauphin de la Norvège, le Costa Rica est après la Suède le troisième pays le plus écologique au monde. Où se situe la France dans ce classement ? Bien loin, puisque seuls 14% des besoins énergétiques de l’Hexagone sont couverts à ce jour par les énergies propres.
Crédit photo principale : Pixabay – BelaMarie
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