Nouvel espoir contre la pollution, des scientifiques japonais ont récemment découvert une bactérie capable de décomposer le plastique.
D’après le rapport de la fondation Ellen MacArthur, le nombre de plastiques devraient surpasser celui des poissons dans les océans d’ici à 2050. Cependant, face à ce constat alarmant, un nouvel espoir de lutte contre la pollution issu de la nature vient de voir le jour.
Selon The Guardian, une équipe de scientifiques japonais aurait découvert une nouvelle espèce de bactérie mangeuse de plastique. Baptisée Ideonella sakaiensis, cette bactérie est le premier organisme capable d’ingérer dans sa totalité le polytéréphtalate d’éthylène (PET), aussi connu sous le nom de polyester, un plastique couramment utilisé dans la fabrication des bouteilles et d’emballages plastiques de toutes sortes. D’après un examen génétique réalisée par l’équipe japonaise, il se pourrait que les bactéries aient évoluées d’elles-mêmes en réponse à l’accumulation de plastiques dans l’environnement depuis 70 ans.
Ideonella sakaiensis s’attaque directement aux molécules du plastique
Alors que 311 millions de tonnes de PET sont produites chaque année et que plus de 8 millions de tonnes se retrouvent dans l’océan, Ideonella sakaiensis, la bactérie capable de briser les liaisons moléculaires du plastique grâce à la sécrétion de deux enzymes, représente un nouvel espoir de lutter contre la pollution, un fléau dévastateur pour la faune et la flore.
Dans son rapport publié vendredi 11 mars dans la revue Science, l’équipe de l’Université des arts et techniques de Kyoto explique sa démarche: c’est en passant au crible des centaines d’échantillons environnementaux que les scientifiques ont fini par découvrir une colonie se nourrissant exclusivement des molécules contenues dans le plastique. Or, ce régime alimentaire unique pourrait se révéler d’une grande utilité: il suffirait d’introduire des cultures de bactéries sur nos montagnes de détritus pour les faire disparaître.
Cependant, la décomposition par la bactérie est loin d’être instantanée: lors de la phase de test, Ideonella sakaiensis ne serait parvenue qu’à décomposer un morceau de plastique de la taille d’un ongle de pouce en six semaines, dans un environnement à 30°C. Pour les chercheurs, cette découverte reste cependant très encourageante: « nous devons améliorer la bactérie pour la rendre plus puissante, le génie génétique pourrait s’appliquer dans ce domaine », soutient Kohei Oda, un membre de l’équipe de recherche.
Un espoir pour la dépollution des océans
Alors que le PET est trop dense pour flotter sur l’eau, cette nouvelle bactérie ne constitue sans doute pas une solution idéale pour assainir les océans. Cependant, cette découverte donne de l’espoir pour en découvrir de nouvelles. Comme l’explique Enzo Palombo, professeur de microbiologie à l’université de Swinburne, « je ne serais pas surpris si des échantillons de matières plastiques océaniques contenaient des microbes qui croissent joyeusement sur cette matière et pourraient être isolés de la même manière ».
Pour Jan Roelof Van der Meer, professeur de microbiologie à l’Université de Lausanne, cette découverte est porteuse d’espoir: « si de telles bactéries ont pu se développer une fois, rien n’empêche que d’autres le fassent un jour ailleurs, pourquoi pas dans les océans. On peut espérer qu’à long terme, d’ici cinq à quinze ans, le plastique présent dans la nature puisse être dégradé naturellement ».
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