Les vagues de chaleur au moyen-orient en été pourraient devenir invivables d’ici 2100… à moins que les émissions de carbone soient réduites drastiquement
L’année 2015 s’annonce bien plus chaude que 2014 encore. Lorsque le thermomètre a atteint les 74°C degrés dans certaines parties de l’Irak au mois de juillet dernier, les autorités ont décrété quatre jours de repos forcés pour tout le monde. Il faisait trop chaud pour aller dehors. Même si cette température record reste encore sous les 81°C enregistrés à Dharan, en Arabie Saoudite, en 2003, ces températures extrêmes inquiètent.
À la fin du siècle, si le changement climatique se poursuit, des étés encore plus chauds pourraient devenir chose courante au Moyen-Orient, passant régulièrement au delà de la combinaison températures/humidité que les humains peuvent survivre.
Dans une nouvelle étude, les chercheurs ont examiné deux scénarios pour cette région: Qu’est-ce qui arriverait si nous continuions à produire des émissions de carbone aux niveaux actuels, et qu’est-ce qui pourrait arriver si la pollution était stoppée. Dans le premier cas, des villes comme Abu Dhabi et Dubaï commenceraient à dépasser des pics de 74 degrés environ. Même la personne la plus apte physiquement ne peut pas survivre à une telle chaleur pendant plus de six heures.
Les pays pauvres pourraient ne pas résister
« Les plus touchés seraient les pauvres, en particulier ceux qui travaillent dans des conditions en plein air », affirme Jeremy Pal, génie civil et professeur de sciences de l’environnement à l’Université de Loyola Marymount à Los Angeles, qui a écrit ce nouveau document avec Elfatih Eltahir du MIT. « Les pays riches peuvent connecter les bâtiments avec des ponts climatisés clos, comme ils le font à Las Vegas, et d’accroître la climatisation en général », dit-il. « Toutefois, dans les pays pauvres, comme le Yémen, ils ne peuvent pas avoir ce luxe. »
Même certains appareil pourraient ne plus fonctionner. Les avions pourraient avoir du mal à décoller et atterrir dans une telle chaleur extrême, par exemple, et les voies ferrées pourraient se déformer. Certaines technologies et infrastructures pourraient devoir être complètement repensées. On a déjà pu voir le cas des routes qui fondent en Inde après une canicule monstre en mai. « Nous envoyons des machines dans l’espace qui survivent aux conditions extrêmement difficiles », dit Pal. « Nous devrions être capables d’adapter nos machines sur Terre, mais cela aura un prix. »
Les industries qui dépendent du travail en plein air, comme la construction ou, ironiquement, les activités pétrolières et gazières qui ont contribué à causer le changement climatique, pourraient ne plus être en mesure de fonctionner de la même manière. « Beaucoup de ces activités pourraient ne plus être réalisables sans adaptation importante au cours de certaines parties de l’année », dit Pal.
Des études antérieures ont estimé que cela prendrait plus de temps, peut-être 200 ans, pour atteindre ces températures extrêmes. Mais cette recherche laisse penser que cela se produira beaucoup plus tôt.
Le pétrole: conflit d’intérêt au moyen-orient
La bonne nouvelle cependant, est que si les émissions sont réduites, les vagues de chaleur seront beaucoup moins dramatiques. Malheureusement, comme l’étude le souligne, il y a un conflit d’intérêt majeur au Moyen-Orient: les pays qui dépendent du pétrole sont financièrement susceptibles de vouloir continuer à le vendre, peut-être même plus s’ils commencent à mieux comprendre les risques.
À moins de 30 jours du début de la COP21 à Paris, les études de ce genre s’accumulent sur le bureau des chefs d’Etat.
Crédit photo principale : Flickr – Serge Bystro