Chaque année, aux petites heures du matin un dimanche de mars, 60 minutes disparaissent de l’horloge et réapparaissent chaque année le dernier dimanche d’octobre. Il ne s’agit pas d’un banal tour de magie: c’est en fait ce que l’on appelle l’heure d’été. Mais qu’est ce que le changement d’heure, à quoi sert-il et est-il encore utile aujourd’hui ?
L’heure d’été a été créée pour mieux exploiter la lumière naturelle lors des longues journées d’été. En faisant avancer les aiguilles des horloges en mars, nous faisons passer une heure de lumière du matin au soir. Lors du dernier dimanche du mois d’octobre, nous reculons les aiguilles pour revenir à l’heure normale.
Mais d’où vient l’heure d’été ? En quoi est-ce utile ?
Un célèbre inventeur à l’origine du changement d’heure
L’idée a été suggérée pour la première fois dans un essai écrit par Benjamin Franklin en 1784, et plus tard proposé au Parlement britannique par le Britannique William Willett 1907. Ce dernier évoque un « gaspillage de la lumière ». Ce sont cependant les Allemands qui adopte le changement d’heure en 1916, suivis par l’Angleterre et la France (qui la retirera après la guerre et la rétablira en 1976) la même année. L’idée est reprise par l’Irlande, les Etats-Unis et l’Italie en 1966.
L’heure d’été est plus utile pour les pays qui se trouvent éloignés de l’équateur, où les heures d’ensoleillement durent beaucoup plus longtemps en été qu’en hiver. Dans les pays les plus proches de l’équateur, la durée d’ensoleillement et la durée de la nuit sont à peu près semblables tout au long de l’année. En raison de la faible variation de la durée diurne dans les régions proches de l’équateur, les pays tropicaux ne pratiquent généralement pas le changement d’heure.
Les pays de l’hémisphère nord qui ont recours au changement d’heure le font à des dates assez voisines. Aux Etats-Unis par exemple, le passage à l’heure d’été a lieu le deuxième dimanche du mois de mars, (à 2 heures du matin), et le retour à l’heure d’hiver se fait le premier dimanche du mois de novembre (également à 2 heures du matin). À l’exception de quelques pays (comme l’Islande ou la Russie), les pays de l’Europe passent à l’heure d’été le dernier dimanche de mars jusqu’au dernier dimanche d’octobre (à 3h du matin).
Que disent les défenseurs et les détracteurs de l’heure d’été ?
Les défenseurs de l’heure d’été indiquent que, en plus de réduire la criminalité et les accidents de la route, la prolongation des heures d’ensoleillement permet également de faire des économies d’énergie vis-à-vis du besoin d’éclairer les entreprises et les foyers.
À l’opposé, les détracteurs de l’heure d’été soutiennent que l’énergie économisée pendant l’été est compensée par une plus grande utilisation de l’énergie au cours des mois les plus sombres de l’automne et l’hiver. Selon la Commission européenne, qui parle d’économies relativement limitées, le maintien de l’heure d’été en Europe devrait être essentiellement motivé par le confort des loisirs en soirées estivales.
Le changement d’heure a une influence sur la santé et le mode de vie
Les effets du changement d’heure sont nombreux. Que ce soit sur la santé (où le constat est globalement négatif), sur la consommation d’énergie ou d’autres sujets (comme les animaux domestiques, le mode de vie, l’agriculture, etc…). Différentes études prouvent par exemple que l’avancement de l’heure au printemps (qui retarde la sécrétion de la mélatonine, l’hormone du sommeil) peut réduire le temps de sommeil de façon transitoire, et ainsi augmenter le nombre et la gravité des accidents cardiaques au cours des 7 jours qui suivent le changement d’heure, et augmenter la fréquence des accidents du travail et de la circulation.
La dernière année pour le changement d’heure ?
En mars dernier, Ségolène Royal a souhaité faire évaluer l’impact précis de cette mesure instaurée il y a 40 ans pour ouvrir un débat sur son maintien en 2016. En effet, la ministre demande à l’Agence de l’environnement et de la maîtrise de l’énergie (Ademe) de « vérifier la justification du changement d’heure ». Nous allons donc surveiller de près les résultats de l’étude de l’Ademe.
L’agence avait déjà publié une étude en 2010 (la dernière sur le sujet), qui avait montré que le changement d’heure avait permis en 2009 une économie d’énergie de 440 gigawatts-heure (GWh) en France, principalement sur l’éclairage public. C’est l’équivalent d’un an d’éclairage d’une ville de 800.000 habitants.
Crédit photo principale : Flickr – Antonio Thomás Koenigkam Oliveira