Quatre ans après sa disparition, le triste secret de Knut, le célèbre ours polaire du zoo de Berlin, a été percé à jour
Knut fut le premier ours polaire à naître en captivité depuis une trentaine d’années. Séjournant au zoo de Berlin, cette adorable boule de poils blancs avait conquis le cœur du monde entier à peine quelques jours après sa naissance en 2007. Propulsé au rang de vedette planétaire, il fut au cœur d’un succès commercial sans précédent avec des produits dérivés développés à son effigie.
Effroyable, son destin fut tout d’abord marqué par le rejet de sa mère Tosca à la naissance et par le décès de son frère jumeau. Ironie du sort, son soigneur succomba en 2008 à une crise cardiaque. En mars 2011, alors âgé de seulement 4 ans, Knut se mit à tourner sur lui-même avant de tomber à l’eau et de se noyer tragiquement, sous les yeux effarés des visiteurs. À l’époque, son autopsie avait révélé qu’une forme d’encéphalite avait provoqué une violente crise d’épilepsie, sans que les experts aient su en déterminer l’origine.
Aujourd’hui, la cause de son décès a enfin été mise en lumière. Une étude, conduite par des chercheurs du centre allemand pour les maladies neurodégénératives (DZNE) et publiée dans Scientific Reports de la revue Nature, a révélé que l’animal souffrait en fait d’une encéphalite à anticorps anti-récepteur NMDA, une maladie que l’on attribuait jusqu’alors à l’unique être humain.
Crédit photo: Wikimedia – Aconcagua
Une maladie inflammatoire du cerveau liée à la présence anormale d’anticorps
Diagnostiquée pour la première fois en 2007, l’encéphalite à anticorps anti-récepteurs NMDA est une maladie relativement rare, avec toutefois plus de 1000 cas recensés depuis sa découverte. Chez l’Homme, elle se traduit notamment par des symptômes de rhume, des symptômes psychiatriques (comportements anormaux, hallucinations, crises de colère…), des convulsions, des mouvements anormaux et des troubles du système nerveux autonome (ou dystonie neurovégétative).
« Certains anticorps, qui nous protègent d’ordinaire contre les virus et les bactéries, se mettent à attaquer les cellules nerveuses, provoquant une inflammation », indique le Docteur Harald Prüss, chercheur au DZNE et neurologue à l’Université de Médecine de la Charité à Berlin.
Il s’agit donc d’anticorps qui perturbent les récepteurs NMDA ou acide N-méthyl-D-aspartique (et donc le système nerveux central), ces derniers jouant un rôle majeur dans la coordination entre les synapses.
Pour mettre cette pathologie en évidence chez Knut, les chercheurs ont donc étudié des fractions de son cerveau, de la même manière qu’ils l’auraient fait sur un être humain, et ont retrouvé une forte concentration de ces anticorps dans le liquide cérébro-spinal de l’animal. La fin d’un mystère, mais aussi une révélation : cette maladie ne touche pas que les hommes et il est même possible qu’elle concerne un grand nombre de mammifères.
Cette découverte chez Knut est une première dans le règne animal, et si la mort de l’ours blanc a fait couler les larmes de millions de gens, elle aura au moins le « mérite » de servir à présent de déclencheur pour la recherche. Réversible si détectée et traitée précocement, cette maladie dispose d’un traitement pour l’Homme qui, espérons-le, puisse montrer la même efficacité chez les animaux !
En mémoire de Knut…
Crédit photo principale : Wikimedia – Aconcagua