Nano-alimentation : une bombe à retardement ?
C’est dans les années 90 que les industriels découvrent les nanoparticules et aujourd’hui, elles ont littéralement envahi notre quotidien. On les retrouve partout : cosmétiques, peintures, pièces auto, chimie, optique, vêtements… mais également là où on les attend le moins à savoir dans l’alimentation. Si les nanotechnologies sont une aubaine pour les industriels avec des propriétés intéressantes, la présence de ces additifs dans nos assiettes semble en revanche être préoccupante pour la santé des consommateurs.
Que sont les nanoparticules et où les retrouve t-on ?
D’une taille comprise entre 1 et 100 nanomètres (un nanomètre est un milliard de fois plus petit qu’un mètre), elles font partie de différentes familles de molécules telles que les oxydes de métaux (cuivre, zinc, aluminium, silicium, titane), les nanotubes de carbone, les fullerènes et les nanopoudres d’argent.
Parmi les principales nanoparticules présentes dans l’alimentation, on retrouve :
- les nano-silices (ou oxydes de silice : E550 et E551) : utilisées pour affiner le sucre, le sel, la poudre de cacao ou encore la farine, elles apportent aussi de l’onctuosité aux préparations industrielles (sauces, soupes, yaourts, mayonnaises, etc.)
- le dioxyde de titane (E171) : il s’agit d’un colorant alimentaire surtout présent dans les yaourts, les biscuits industriels, les confiseries mais aussi dans les fruits et légumes à des fins esthétiques, rendant les produits plus agréables à l’œil
- l’oxyde de fer (E172) : utilisé comme colorant
- le nano-argent (E174) : excellent conservateur, il prolonge aussi l’éclat des aliments et est utilisé pour éliminer les bactéries. On le retrouve dans les charcuteries, les pâtisseries industrielles, les sodas, certains alcools et autres plats préparés.
Crédit photo: Flickr – Bryan Ochalla
Des particules qui stagneraient dangereusement dans l’organisme
De par leur taille infime, les nanoparticules peuvent traverser la barrière gastro-intestinale et se répandre dans tout l’organisme par voie sanguine, pouvant alors engendrer une accumulation au sein de certains organes (foie, estomac, poumons, cerveau…), ce qui donne notamment lieu à de potentielles maladies inflammatoires chroniques. Le fameux E171 est d’ailleurs classé comme possible substance cancérigène au Centre International de Recherche sur le Cancer (CIRC). Rappelons aussi qu’en 2007, la représentante de l’AFSSAPS annonçait aussi craindre une recrudescence de maladies auto-immunes. Et c’est sans oublier le rejet dans l’environnement, qui interagit sans doute avec les plantes et les animaux, se montrant alors néfaste pour la biodiversité.
L’inquiétude est également grandissante pour le personnel des industries qui ingère ces substances par voie respiratoire. Un état de fait qui rappelle tristement l’amiante, pour lequel il aura fallu presque 100 ans et d’innombrables décès avant qu’il ne soit reconnu comme hautement toxique.
Lors d’une intervention télévisée sur BFM TV le 17 mars 2015, le militant écologiste engagé José Bové déplorait le manque de contrôles sanitaires et lançait l’alerte sur le dioxyde de titane :
Il n’y a eu aucune autorisation de mise sur le marché comme un nouveau type de matériau. C’est l’industrie qui impose ça, fustige t-il.
Quelques chiffres donnent également à réfléchir : la Commission Européenne estimait le marché des nanotechnologies à 700 milliards d’euros en 2008, chiffre qui atteindrait 2 000 milliards de dollars en cette année 2015, représentant 2 millions d’emplois dans le monde.
Par principe de précaution en attendant des études approfondies sur cette nouvelle technologie, il est donc de bonne augure de limiter au maximum les produits issus de l’agro-industrie et de préférer des produits frais et non transformés.
Crédit photo principale : Flickr – bertknot