Ivre sans boire d’alcool : quand l’intestin se transforme en alambic
Avis aux sceptiques ! Le syndrome d’auto-brasserie n’est pas un mythe. Évoquée pour la première fois dans les années 70 au Japon, cette affection est extrêmement rare et provoque des phénomènes digestifs pour le moins surprenants. En effet, les personnes qui en sont atteintes deviennent saoules lorsqu’elles ingurgitent des aliments composés d’amidon. Si le sujet peut prêter à rire, cet état pathologique provoque bien des inconforts et mérite quelques explications !
Une ivresse chronique d’origine biologique
Bien que n’ayant pas fait l’objet de réelles études, ce syndrome s’explique de façon plausible. Les personnes atteintes de ce mal présentent un taux impressionnant d’une levure particulière dans les intestins, appelée Saccharomyces cerevisiae. Il s’agit des mêmes micro-organismes que ceux utilisés en boulangerie ou pour le brassage de la bière ! Un mal qui pourrait s’expliquer par la prise d’antibiotiques du fait qu’elle fragilise l’équilibre intestinal. Ces levures, mises en contact avec des aliments contenant de l’amidon (pain, pâtes, pommes de terre, riz, bananes, etc…) déclenchent une fermentation, transformant alors les sucres en molécules d’éthanol (alcool).
C’est notamment le cas de Nick Hess, un britannique de 34 ans amateur de frites, dont l’histoire a été racontée le 5 mars 2015 sur le site de la BBC. Cet homme a souffert durant un an de symptômes communs de gueule de bois (nausées, douleurs d’estomac, maux de tête…) toujours après les repas, sans aucune explication et surtout, sans toucher une goutte d’alcool.
Après plus d’un an d’errance et de suspicion d’alcoolisme dissimulé, un médecin a bien voulu l’examiner en janvier dernier. Celui-ci a confirmé que son intestin contenait 4 fois plus de levures que la normale. Du jamais vu ! C’est ainsi que Nick s’est vu diagnostiquer ce syndrome pour le moins étrange.
Déjouer la distillerie
Le « traitement » était tout trouvé pour Nick : revoir son régime alimentaire en évitant les glucides. Au menu : des viandes variées, beaucoup de légumes et des oléagineux. Régime qui fut accompagné d’un traitement antifongique, permettant à Nick de se débarrasser de ces parasites indésirables en l’espace d’un mois. Aujourd’hui, le voilà délesté de la plupart des maudits symptômes de la gueule de bois, mais il est bien difficile de dire si ce syndrome est susceptible de réapparaître.
Des déclarations à foison
Le témoignage de Nick a eu un effet de rebond avec pas moins d’une cinquantaine de personnes déclarant souffrir du syndrome d’auto-fermentation. Cette maladie reste encore controversée au sein du milieu médical, certains spécialistes excluant l’éventualité qu’une fluctuation en levures puisse avoir de si grandes conséquences. Il ne faudrait pas non plus que cette maladie serve d’argument pour justifier une conduite en état d’ivresse ! Un syndrome bien réel donc, mais à prendre avec des pincettes !
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