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À Jakarta, la capitale vibrante de l’Indonésie, les calèches en bois appelées « delmans » continuent de circuler dans les rues. Autrefois omniprésentes sous la colonisation hollandaise, ces calèches sont aujourd’hui en déclin, remplacées par les modernes moto-taxis. Pourtant, les delmans subsistent, principalement pour le plaisir nostalgique des touristes. Derrière cette façade pittoresque se cachent les conditions de vie précaires des chevaux qui les tirent. Attachés sous les rampes d’autoroute, ces animaux aux côtes saillantes symbolisent une tradition en voie de disparition, en proie à des défis économiques et humanitaires. Cet article explore cette réalité troublante, où les chevaux et leurs propriétaires luttent pour survivre face à l’évolution rapide de Jakarta.
Les chevaux de la misère
Dans le tumulte incessant de Jakarta, les cloches des delmans résonnent encore, rappelant une époque révolue. Sutomo, un conducteur de calèche de 52 ans, raconte que ses trajets autour du Monas, un monument emblématique, ne lui rapportent que 50 000 roupies, soit environ 3 euros. Ces maigres revenus ne suffisent pas à subvenir aux besoins de sa famille, encore moins à ceux de son cheval. Pour beaucoup de propriétaires, les ressources limitées signifient que la nourriture des chevaux est souvent réduite, les laissant dans un état de maigreur alarmant.
Selon les estimations, près de 200 chevaux dépendent encore de cette activité pour survivre. Ils vivent dans des écuries précaires, souvent entourés de déchets et de pollution. Karin Franken, cofondatrice de Jakarta Animal Aid Network (JAAN), souligne que les conditions de vie de ces chevaux sont désastreuses. Les chevaux subissent des traitements brutaux et sont souvent négligés. Pour les militants, cette situation est inacceptable et nécessite une intervention urgente pour protéger ces animaux vulnérables.
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Une tradition difficile à réguler
À première vue, les delmans colorés offrent une scène pittoresque aux visiteurs de Jakarta. Cependant, la réalité pour les chevaux est bien différente. Certains propriétaires utilisent encore des pratiques traditionnelles cruelles, comme piquer les muscles des chevaux avec des tiges de bambou. Cette méthode est censée « nettoyer » leur sang, mais elle cause en réalité beaucoup de souffrance. Pendant la pandémie de Covid-19, de nombreux chevaux ont même succombé à la faim, illustrant la vulnérabilité exacerbée par les crises globales.
Bien que l’Indonésie possède une législation sur la protection animale, son application reste limitée. Les autorités locales, bien qu’engagées envers le bien-être animal, manquent des ressources nécessaires pour mettre en œuvre des contrôles efficaces. Suharini Eliawati, directrice de l’agence locale, appelle à un soutien externe pour offrir des soins médicaux gratuits. Malheureusement, nombre de propriétaires de delman sont réticents à changer leurs pratiques en dépit des offres d’assistance, invoquant des raisons financières ou culturelles.
Les efforts pour une réforme
L’ONG Jakarta Animal Aid Network (JAAN) ne baisse pas les bras. Depuis 2014, elle s’efforce d’améliorer les conditions de vie des chevaux delmans. En échange de soins vétérinaires gratuits, elle tente d’éduquer les conducteurs sur le traitement approprié de leurs animaux. Cependant, la résistance au changement est forte. Beaucoup de cochers, particulièrement les plus âgés, s’accrochent à cette activité, la considérant comme leur seule option viable. Les jeunes montrent plus d’intérêt pour une reconversion, par exemple en devenant conducteurs de moto-taxis, mais le chemin vers une transition complète reste semé d’embûches.
Les militants continuent de faire pression pour que les delmans soient progressivement retirés de la circulation. Leur objectif est de garantir une vie digne aux chevaux tout en assurant une transition économique pour les conducteurs. Les efforts de JAAN sont soutenus par des campagnes de sensibilisation et des partenariats avec des organismes internationaux. Néanmoins, sans un soutien gouvernemental plus solide, les progrès demeurent lents et incertains.
Perspectives d’avenir pour les delmans et leurs chevaux
Le futur des delmans à Jakarta est incertain. Du côté des conducteurs, certains, comme Novan Yuge Prihatmoko, expriment leur attachement personnel à cette profession. Gagnant jusqu’à 150 000 roupies par jour, ils voient leur travail comme une source de fierté et un moyen de subsistance. Toutefois, la réalité économique rattrape souvent ces familles, qui peinent à joindre les deux bouts.
Pour les chevaux, l’avenir dépend largement des initiatives de protection et des réformes législatives. Les défenseurs des animaux espèrent que l’attention croissante portée à cette question incitera à une action plus décisive. Le soutien des organisations internationales pourrait jouer un rôle crucial dans l’amélioration des conditions de vie des chevaux et dans la préservation de cette partie du patrimoine culturel indonésien.
Alors que Jakarta continue de se moderniser, quelle sera la place des delmans et de leurs chevaux dans cette métropole en pleine mutation?
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Quelle tristesse de voir ces chevaux souffrir 😢! Peut-on vraiment justifier cette tradition?
Merci pour cet article éclairant sur une situation méconnue. Les chevaux méritent mieux!
Pourquoi les autorités locales n’agissent-elles pas plus fermement pour protéger ces animaux?
Les delmans sont-ils vraiment nécessaires à Jakarta ou juste une attraction touristique?
Il est temps de mettre fin à ces pratiques cruelles. Qui est avec moi pour un changement?
Super article! Mais que peut-on faire concrètement pour aider ces chevaux?